L’objectif d’Emmaüs Défi est de tendre la main à ceux qui ont connu la grande exclusion, qui sont dans la rue, de les accompagner vers une situation plus digne. Avec Convergence, on y arrive. L’approche par le « travail d’abord », proposer l’activité comme levier de remobilisation, cela fonctionne. Avec des moyens complémentaires, Convergence prouve que personne n’est inemployable.
Il faut être vigilant sur la spécificité du public que l’on accompagne. Les bénéficiaires de Convergence cumulent les freins au retour à l’emploi. Parce que l’on accompagne des personnes particulièrement éloignées, on mobilise quelques ressources supplémentaires, de l’ordre de 15 %. Ces publics restent habituellement à la porte de l’insertion par l’activité économique. Les études montrent que, grâce à ces ressources, on a une amélioration des situations. Le projet fonctionne !
C’est sûr que l’on n’est pas toujours accueillis de manière très favorable ! Mais on n’est pas dans une logique de coût. L’amélioration des situations génère des économies, en réduisant le recours aux dispositifs d’aides classiques. Les financements mobilisés initialement sont amortis en seulement 22 mois. Ce n’est pas un surcoût, donc, mais un surinvestissement. Les décideurs sont des gestionnaires. Ils entendent ce discours de coûts évités, d’efficacité économique, de rentabilité.
C’est une question centrale. Quand une personne est sans domicile et n’a pas vu de médecin depuis des années, si on se concentre uniquement sur le projet professionnel, on n’arrive pas à des résultats intéressants. Et engager un travail de fond sur les difficultés demande du temps. Le suivi se poursuit même après la sortie du chantier : cela permet de sécuriser les choses, en rassurant l’entreprise et le salarié. Si jamais il y a une problématique, le logement par exemple, il y a toujours un appui.
On a mené les études pour évaluer la qualité du travail réalisé et faire valoir son efficacité. Mais le but n’est pas d’en faire un bébé Emmaüs qu’on irait porter dans chacune des régions ! On se situe sur du qualitatif : on montre que cela peut fonctionner, on fait en sorte ensuite que l’expérience puisse être reproduite. Lors de la concertation autour de la stratégie « pauvreté », on n’a eu de cesse de mettre en avant nos résultats, pour convaincre les pouvoirs publics de le déployer. On a été entendus. C’est une belle reconnaissance. Mais il faut avoir conscience que les financements derrière ces dispositifs ne sont pas illimités…
On travaille sur cette démarche avec le soutien de réseaux : Emmaüs France, bien sûr, mais aussi la Fédération des acteurs de la solidarité. On va s’adresser à des structures existantes, voir si le projet peut leur permettre d’ouvrir les portes de l’insertion par l’activité à ceux qui restent trop souvent à l’extérieur. Désormais, on veut également aller plus loin dans l’accompagnement. Proposer de la formation et de la professionnalisation, pour qu’un plus grand nombre de personnes puisse sortir de ce parcours en ayant une solution durable.