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Des détenus et des surveillantes

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LA MIXITÉ CHEZ LES SURVEILLANTS PÉNITENTIAIRES a été initiée en 1983 par Myriam Ezratty, première femme à exercer les fonctions de directrice de l’administration pénitentiaire. Son idée était que les femmes pourraient créer un autre mode de relation avec les détenus et apaiser les tensions. Néanmoins, la présence de surveillantes dans les prisons pour hommes se heurte encore à de nombreuses réticences, les principales étant liées aux risques de séduction et d’agressions sexuelles. Pour Anne-Christine Le Gendre, auteure de Femmes surveillantes, hommes détenus, ces craintes ne reposent sur aucune base objective et statistique. « En revanche, elles nous renseignent sur la prison, sur ses fonctions et sur la manière dont s’y inscrit le processus de féminisation d’un métier fortement marqué par la culture virile », pointe la sociologue et psychologue clinicienne. Ainsi, par exemple, la délégation des fouilles sur les prisonniers est confiée aux seuls personnels masculins. Mieux vaut également faire partie de la grande famille de la pénitentiaire, pour être protégée en tant que fille, sœur ou femme d’un surveillant. Car, comme dans d’autres métiers de la sécurité à dominante masculine (policiers, pompiers, armée…), le harcèlement par les confrères n’est pas rare – bien que les plaintes, elles, le soient, afin de ne pas « faire de vagues ». Un phénomène accentué par le manque de reconnaissance de la société à l’égard des personnels de surveillance, que ces derniers vivent comme une mise à l’écart. Travailler dans une prison d’hommes agit aussi sur les corps, malgré l’uniforme, devenu unisexué en 2006. « On devient plus masculine quand on a vécu longtemps dans ces postes. On se fait un personnage, presque inconsciemment, pour se faire accepter », raconte une surveillante. Une autre dit se sentir « androgyne ». En conclusion, écrit l’auteure, « même si la présence de surveillantes en détention hommes semble pour certains acquise, une écoute attentive des personnels, hommes comme femmes, montre que le coût professionnel reste élevé pour beaucoup ».

Notes

« Femmes surveillantes, hommes détenus » – Anne-Christine Le Gendre – Ed. L’Harmattan, 19,50 €.

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