L’EMPLOI ET L’ACCOMPAGNEMENT, CLEFS DE VOÛTE DE L’INSERTION. C’est la conclusion que l’on peut tirer de Convergence, expérience renforçant la mobilisation de ressources autour d’ateliers et chantiers d’insertion par l’économie (ACI) à destination de personnes très éloignées de l’emploi. Un dispositif reconnu par l’Etat : il fait partie des quatre axes du plan « pauvreté » annoncé par Emmanuel Macron le 13 septembre. Initié en 2012, Convergence est porté par Emmaüs Défi, structure d’innovation sociale face à la grande exclusion. Convergence repose sur quatre piliers :
• un allongement de la durée du parcours potentiel en ACI de deux à cinq ans ;
• un travail approfondi en réseau pour prendre en compte la globalité des problématiques ;
• un accompagnement renforcé par les équipes des chantiers ;
• et un suivi actif après la sortie.
Un renforcement des moyens se justifiant par la spécificité du public. Majoritairement masculin et étranger, âgé de 26 à 50 ans, il cumule jusqu’à sept freins à l’emploi : faible qualification, difficultés de santé, long parcours de rue… Après les premiers résultats positifs, l’expérimentation a été renouvelée pour trois ans en 2015 et s’est étendue à plusieurs ACI.
Les cabinets Ecota Conseil, (Im)prove et Opus 3 ont été chargés de réaliser une étude d’impact et une analyse coûts/bénéfices du dispositif, qui seront dévoilées le 6 décembre à l’Assemblée nationale. Et les résultats sont clairs : la « surcouche de moyens » et la temporalité plus longue d’accompagnement (deux ans en moyenne) ont favorisé des améliorations nettes en termes d’impact social, financier ou sociétal.
Le premier bénéfice concerne l’emploi : pour les ACI concernés, le taux de sorties dynamiques (emploi durable, de transition…) est passé de 25 % à 47 % en 2017. Le chiffre monte même à 73 % pour les personnes non originaires de l’Union européenne.
Les résultats sont également éloquents pour le logement. Avant Convergence, les ACI étudiés n’apportaient selon les analystes « aucune amélioration significative » à ce sujet. Grâce au protocole, 52 % des bénéficiaires ont intégré en 2017 un logement autonome ou semi-autonome. Et pas une seule personne n’est retournée à la rue.
L’étude d’impact souligne également un meilleur accès aux droits pour plus de la moitié des bénéficiaires, et une amélioration du suivi médical, 83 % des personnes bénéficiant désormais d’une complémentaire santé, contre 63 % au départ.
L’analyse coûts/bénéfices renforce ce sentiment d’efficacité. Car si l’étude précise que Convergence occasionne un surcoût social de 7 207 € par bénéficiaire (9 796 € contre 2 589 € pour l’accompagnement classique en ACI), les analystes détaillent les économies à moyen terme. Le « retour sur investissement » prend plus de temps, mais est exponentiel : la surcouche d’accompagnement est rentabilisée en 22 mois, et au bout de quatre ans, elle permettrait une économie de près de 10 000 € par bénéficiaire. Un gain qui s’accompagne d’une amélioration en « capital humain » : l’augmentation modérée des coûts de santé pour la collectivité (100 € par an) traduit un meilleur accès aux soins, et le « bien-être » est souligné par un gain de pouvoir d’achat de 5 000 € dès la première année (soit 50 % de plus qu’avant Convergence).
Et même si le dispositif semble encore perfectible sur l’enjeu du développement des compétences, et qu’il peine pour le moment à intégrer les profils féminins, les auteurs des études en dressent néanmoins un « bilan positif » : « Il nous semble que sa pérennisation est vivement souhaitable. » Cela tombe bien : le gouvernement compte le prolonger et le dupliquer.
• 210 salariés bénéficiaient de Convergence en 2017 au sein de deux ACI : Emmaüs Défi et Prélude. Deux autres ACI ont rejoint l’expérience fin 2017.
• L’expérience représente un budget consolidé 2017 de 675 000 €, avec 525 000 € de financements externes.
• L’accompagnement est passé en moyenne de 325 à 652 jours.