AU DÉBUT OCTOBRE, AGNÈS BUZYN, ministre de la Santé et des Solidarités, a lancé la concertation « Grand âge et autonomie » dans la perspective de la réforme de la dépendance. Et il est fort probable que, pour mener à bien sa mission, cette concertation va prendre en considération les résultats de l’enquête Care (capacités, aides et ressources des seniors) Institutions réalisée par la Drees (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) et publiée le 27 novembre. En effet, cette étude montre comment les personnes âgées financent leur maison de retraite. Menée de septembre à décembre 2016 auprès de 3 300 seniors et dans plus de 600 établissements, cette enquête révèle que la moitié des résidents en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépensent au moins 1 850 € par mois. « Il s’agit de la participation financière restant à la charge du senior, à savoir le montant net à payer après déductions des allocations (APA, ASH, APL ou ALS) et des contributions des obligés alimentaires, explique Xavier Besnard, coauteur de l’étude. Ce montant n’inclut pas, en revanche, les participations volontaires de l’entourage, à savoir si les proches choisissent de payer, en partie, pour le senior. »
Dans le détail, « la participation financière médiane s’élève à 2 420 € pour les établissements privés à but lucratif, contre 1 850 € pour les établissements privés non lucratifs, 1 790 € pour les établissements publics hospitaliers et 1 730 € dans les établissements publics non hospitaliers ». Xavier Besnard indique encore : « En France, fin 2016, les retraités percevaient en moyenne une pension d’environ 1 500 € nets mensuels. Cela veut donc dire que certains seniors doivent mobiliser d’autres ressources pour financer les coûts liés à la prise en charge en établissement. Nous avons cherché à savoir quelles étaient ces ressources. »
Et, selon les résultats de l’enquête de la Drees, 27 % des résidents interrogés disent puiser dans leur épargne pour pouvoir financer leur maison de retraite, 11 % ont dû mobiliser leur entourage pour payer à leur place, 5 % ont vendu du patrimoine et 3 % sont dans une situation différente ou combinent plusieurs modalités.
« Cependant, ajoute Xavier Besnard, il faut bien noter que 54 % des résidents déclarent n’utiliser aucun des moyens de financement proposés dans l’enquête (emprunt, épargne, vente de patrimoine, demande à l’entourage…), notamment car 19 % d’entre eux ont indiqué disposer de revenus personnels suffisants et 11 % ont déclaré que l’intégralité des frais d’hébergement étaient couverts par leurs allocations. »
Enfin, « à l’avenir, la majorité des seniors pensent devoir puiser davantage dans leurs ressources personnelles, conclut le coauteur de l’étude. Dans le détail, 36 % des personnes âgées envisagent d’avoir seulement recours à leur épargne (contre 27 % actuellement), 16 % pensent devoir mobiliser l’entourage et 9 % de vendre du patrimoine. De manière globale, dans l’avenir, 64 % des seniors (contre 46 % actuellement) auront besoin d’utiliser une des méthodes de financement proposées. Cela veut dire que leur revenu courant ne suffira pas à couvrir l’intégralité des frais. »