ÉVIDEMMENT, CE N’EST PAS DIGNE DU PAYS DES DROITS DE L’HOMME. La rétention, plus précisément ici l’enfermement de mineurs avec ou sans leurs parents en attente de leur régularisation ou de leur éloignement n’est conforme ni à la morale, ni au droit dans un pays démocratique. La France – qui retient de plus en plus d’enfants dans des centres fermés – a d’ailleurs écopé de plusieurs condamnations pour cette raison. Les associations n’ont pas tort de dénoncer cette situation.
Mais, une fois que l’on a dressé ce constat en forme de réquisitoire, il faut tenir compte de la réalité, de la vie.
Les migrants et les immigrants sont de plus en plus nombreux à vouloir entrer sur notre territoire. La France – comme disait Michel Rocard – ne peut pas accueillir toute la misère du monde même si elle doit en prendre sa part, ce qu’elle fait d’ailleurs. Mais les autorités doivent bien analyser la situation de chaque personne ou famille avant de décider si tel ou tel relève du droit d’asile ou justifie d’une régularisation. Toute la question est de savoir ce que l’on fait de ces personnes pendant l’examen de leur situation. Les laisser libres ? Mais c’est prendre le risque d’une immigration massive avec toutes les conséquences politiques que l’on peut imaginer. Les éloigner, c’est-à-dire les expulser tout de suite ? Mais c’est évidemment contraire à tout droit humanitaire. Les retenir ? Et c’est là que se pose la question des mineurs. Comment faire pour résoudre cette équation impossible ? Dans notre enquête, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté se montre hostile – comme d’ailleurs le défenseur des droits – à la rétention des mineurs mais reconnaît que les conditions de rétention tendent à s’améliorer et à s’humaniser mais surtout elle n’a pas de solution alternative à proposer. L’accélération des procédures d’accord ou de refus d’entrer sur le territoire ne résoudrait pas la question mais en réduirait le caractère douloureux. Ce ne serait toutefois qu’un palliatif.