La Fédération de l’hospitalisation privée et nous-mêmes réfléchissons depuis le printemps dernier à la transition Opca-Opco(1). Initialement, nous souhaitions rester dans le giron d’Actalians, l’Opca des professions libérales et de l’hospitalisation privée, afin de conserver un lien avec les professionnels de santé exerçant sous statut libéral. Ce scénario n’est plus d’actualité depuis la publication du rapport « Marx-Bagorski », puisqu’Actalians devrait évoluer pour devenir l’Opco des services de proximité (artisanat, petit commerce, professions libérales). D’où l’appel de sept fédérations patronales du secteur de constituer un Opco de la santé et du médico-social. C’est un travail non seulement complexe mais que nous devons mener, en outre, dans un temps record puisque la « deadline » du gouvernement a été fixée au 31 décembre prochain ! L’enjeu est de parvenir à la constitution d’un Opco cohérent, qui rassemblerait l’intégralité des branches du secteur.
Il y a actuellement débat chez les professionnels de santé libéraux (pharmaciens, médecins de ville…). Certaines de leurs fédérations vont dans notre sens et jugent légitime de rejoindre un grand Opco qui couvre l’ensemble du champ de la santé et du médico-social. D’autres semblent avant tout attachés à leur statut et souhaitent donc adhérer au futur Opco des services de proximité. L’autre secteur qui clive sur cette question est celui de l’aide à domicile. Deux branches cohabitent sur ce champ : celle des acteurs relevant du secteur commercial et son homologue du milieu associatif. Chacune est composée de quatre fédérations patronales qui, pour l’instant, ne sont pas parvenues à s’entendre sur le futur Opco à rejoindre. Elles sont écartelées entre celui de la santé, celui de la cohésion sociale (qui regroupera les employeurs relevant de l’économie sociale et solidaire) et celui des services de proximité.
Oui, et cet éclatement serait malheureusement une erreur, à mon sens, car le futur Opco sera l’endroit où se décidera l’affectation des fonds de la formation. Or, à l’heure actuelle, il existe des entreprises de notre secteur qui ne savent pas encore comment elles financeront leur plan de développement des compétences l’année prochaine ! Demain, les secteurs du grand âge, du handicap et du sanitaire (que l’activité d’aide et de soins soit réalisée en établissement ou à domicile) auront besoin de l’Opco le plus performant possible, non seulement pour aller chercher des crédits formation auprès des organismes susceptibles d’en attribuer, mais aussi pour convaincre les entreprises adhérentes de verser des contributions complémentaires, puisque, dans le cadre de la réforme, les fonds mutualisés ne seront plus accessibles qu’aux structures de moins de 50 salariés. En outre, l’Opco aura à travailler sur d’autres dossiers, notamment la lutte contre la pénurie de personnels d’aide et de soins par la création d’une filière unique regroupant établissements et domicile, mais aussi par le recrutement, le premier emploi, la qualité de vie au travail, les parcours professionnels… des sujets primordiaux dans un secteur tel que le nôtre, qui devra créer 200 000 à 300 000 emplois pour faire face au défi du vieillissement et de la dépendance.
(1) Opca : organisme paritaire collecteur agréé. Opco : opérateur de compétences.