ALORS QUE PLUS DE 500 000 PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP SONT PRIVÉES D’EMPLOI, l’expérimentation du contrat à durée déterminée dit « tremplin » est une riposte afin de faire baisser un taux de chômage deux fois plus élevé que la moyenne (18 % contre 10 %) et également pour promouvoir l’inclusion de ces personnes vers l’emploi en milieu ordinaire. Prévue par l’article 78 de la loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » du 5 septembre 2018, cette expérimentation permet aux entreprises adaptées de recruter des personnes en situation de handicap dans le cadre d’un CDD spécifique pour une période maximale de 24 mois.
« Les entreprises adaptées doivent devenir des sas vers l’emploi dans des entreprises classiques », résume Sophie Cluzel, la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées. Une ambition partagée par les associations comme l’Union nationale des entreprises adaptées (Unea), qui voit dans ce nouveau contrat un changement de paradigme. Ce dernier va permettre de recruter des profils différents de salariés. Sébastien Citerne, son directeur, commente : « Dans l’entreprise adaptée classique, celle que l’on connaît depuis 30 ans, la plupart des contrats sont à durée indéterminée, les personnes s’inscrivent souvent dans la durée dans l’emploi en entreprise adaptée parce qu’elles ont besoin de stabilité. » Et d’ajouter : « Ces dernières années, les publics ciblés sont des personnes en deuxième partie de carrière, souvent licenciées pour inaptitude. Le temps de leur réapprendre un emploi et de les remobiliser, elles sont généralement très proches de la retraite. » Un état des lieux qui explique le chiffre modeste de 2,5 % pour le taux de sortie des salariés de l’entreprise adaptée vers un emploi en milieu ordinaire.
Selon le décret, qui précise notamment le cadre et les modalités de l’expérimentation de ces CDD « tremplin », les publics ciblés seront des travailleurs reconnus handicapés qui remplissent une des conditions listées dans le cahier des charges. Ces candidats peuvent ainsi avoir 12 mois d’inactivité sur les 18 derniers mois ou encore sortir d’un établissement ou service d’aide par le travail (Esat), d’une unité localisée pour l’inclusion scolaire des élèves handicapés (Ulis) Pro, ou encore d’un institut médico-éducatif (IME) ou médico-professionnel (Impro). Des profils qui vont apporter une nouvelle dynamique aux entreprises adaptées, selon Sébastien Citerne : « L’entreprise adaptée devient ainsi un outil pour accéder à un premier emploi et plus une structure pour finir sa carrière professionnelle. Pouvoir recruter des personnes issues de centres de réadaptation professionnelle va nous permettre d’intégrer dès le recrutement des compétences qui sont plus élevées, nous pourrons par conséquent proposer des activités à plus forte valeur ajoutée. »
Les salariés en CDD « tremplin » ils bénéficieront d’un accompagnement personnalisé pour développer leurs compétences et employabilité en fonction de leur projet professionnel pour in fine intégrer une entreprise classique. L’objectif défini pour que cette expérimentation soit une réussite est un taux de sortie de 30 %. Mais le succès de ces CDD ne dépend pas seulement des entreprises adaptées et des services publics de l’emploi mais aussi des entreprises classiques. Ces dernières sont partie prenante, elles doivent faire connaître leurs besoins et embaucher le salarié qui aura été formé durant son CDD « tremplin ». Une expérimentation qui prendra fin le 31 décembre 2022.