C’EST UN BIG BANG POUR LA FORMATION PROFESSIONNELLE qui va se produire le 1er janvier prochain avec la mise en application de la loi « Avenir professionnel » de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Les partenaires de la formation vont devoir apprendre un nouveau rôle, définir de nouveaux objectifs et apprendre à évaluer les besoins en compétences.
Pour mettre en œuvre ces grands principes, une vaste tuyauterie, façon usine à gaz, se met en place. Pour comprendre, quelques explications s’imposent. Les actuels organismes paritaires collecteurs et répartiteurs des fonds de la formation cèdent la place à des opérateurs de compétences, des Opco. Il est recommandé de retenir cet acronyme… En nombre extrêmement réduits, ces Opco sont regroupés en filières cohérentes, c’est-à-dire sur une base de métier. C’est là que se situe le Big Bang pour le secteur de la santé, du social et du médico-social.
Actuellement, selon qu’ils sont sur le segment santé, sur le domicile ou sur l’établissement social et médico-social, les opérateurs sont éclatés – façon puzzle, pourrait-on dire – entre plusieurs organismes paritaires. Il va leur falloir – la négociation a commencé (voir ce numéro page 14) – se regrouper en raisonnant en termes de métier de la prise en charge.
Curieusement, le secteur social et médico-social n’a jamais réfléchi à une approche globale, et donc à son identité. Chacun raisonne selon une approche technique, selon son type d’intervention (domicile, établissement) ou de statut (privé, public, non lucratif), mais pas selon une logique de filière. Or la filière est l’avenir du secteur social et médico-social. Les nécessités organisationnelles autant que la demande impliquent une prise en charge dans laquelle alternent domicile, établissement, structures intermédiaires. Certes, chaque mode de prise en charge suppose des compétences spécifiques, mais on ne peut pas organiser une filière si une muraille de Chine est érigée entre chaque type d’intervention.
Pour le secteur social et médico-social, la formation est un enjeu d’avenir considérable. On sait que les besoins vont exploser en quantité et en qualité, la technicité et la capacité d’anticipation de la demande devenant des éléments-clés. Le secteur peine à recruter à cause d’une mauvaise image et des perspectives de carrière limitées. La formation – par la montée en compétences qu’elle suppose – devrait dégager cet horizon.
Finalement, le défi lancé par la mise en place des Opco aux opérateurs est un bienfait, car il les oblige à imaginer l’avenir et à accomplir un saut qualitatif.