COMMENT REPENSER LE LOGEMENT POUR MIEUX VIEILLIR CHEZ SOI ? C’est autour de cette problématique que la cinquantaine de participants au hackathon « Habitâges. Ensemble réinventons l’habitat au services de nos aînés », organisé par le groupe Malakoff Médéric, a travaillé durant quarante-huit heures, du 5 au 7 octobre. « Nous sommes un groupe de protection sociale qui exerce deux métiers, gestionnaire de la retraite complémentaire Agirc-Arrco et assureur de personnes. Au titre de nos engagements sociaux et sociétaux, nous nous sommes engagés sur différentes actions : l’intégration des personnes en situation de handicap, la lutte contre le cancer, le soutien aux aidants, l’accompagnement au retour à l’emploi, le “bien vieillir” et l’accompagnement de la perte d’autonomie. C’est dans cette optique que nous avons créé cet événement », détaille Benoît Veyrines, directeur de l’action sociale retraite chez Malakoff Médéric.
Dans la pratique, ce hackathon s’est articulé autour de trois défis :
– l’habitat 2.0, à savoir la technologie au service du « bien vieillir » chez soi – l’objectif étant de trouver des alternatives pour mettre la technologie au service du logement des aînés ;
– l’habitat repensé, l’architecture au service de l’aîné et de sa communauté d’aidants – ce qui, concrètement, demandait aux participants de repenser l’architecture pour les personnes âgées et les aidants ;
– l’habitat inclusif, le quartier au service des parents et grands-parents – il s’agissait ici de réinventer le cadre de vie et les quartiers de nos aïeux.
Au total, 21 idées différentes ont été proposées et, après délibération d’un jury de dix experts, deux équipes ont été récompensées. Premier projet primé, le « Living Lab en réel », dont le but est de « proposer aux retraités, en lien avec les aidants, de tester les équipements du logement chez eux, dans leur environnement quotidien, sur plusieurs semaines, avant d’être commercialisés », renseigne Benoît Veyrines. En seconde position, la « Terrasse des aînés », un projet porté par Mathieu Genin, 20 ans, et Doyeon Kim, 28 ans, étudiants en école de design, qui a pour objectif de concevoir et de mettre à disposition un espace urbain de convivialité, idéalement à côté d’une pharmacie, avec des animations participant à l’inclusion active des aînés dans le quartier.
« Concrètement, il va s’agir d’une micro-architecture d’une vingtaine de mètres carrés qui va permettre aux personnes âgées d’avoir des espaces urbains dans lesquels se reposer, explique Mathieu Genin. On sait qu’une personne âgée a besoin de faire une pause musculaire tous les 150-200 mètres pour pouvoir reprendre son souffle. Or, aujourd’hui, l’espace public ne le permet pas. Nous proposons donc un module assez élémentaire, qui pourrait être personnalisé par les villes, afin de répondre à ce besoin. »
« Nous n’avons pas encore de format définitif, mais le but est de créer un espace chaleureux, protégé, à l’abri, tout en évitant que cela ne devienne un espace de squat, qui se dégrade trop rapidement, décrit le jeune homme. Il faut que cela reste assez sommaire, le plus important étant que le mobilier urbain soit adapté aux personnes âgées. Il faut des sièges à une certaine hauteur, des rambardes, des accoudoirs, des petites tablettes pour poser ses affaires sans avoir à se baisser… »
Les deux projets lauréats ont gagné un prix de 200 € par membre pour l’équipe gagnante, et de 100 € pour la seconde. « Mais surtout ces deux projets sont “accélérés”, c’est-à-dire qu’ils sont suivis pendant trois mois par le programme “activateur de talents” porté par Tickets for Change, indique encore Benoît Veyrines. L’objectif étant de faire de cette idée innovante une véritable solution. » Un autre projet « surprise » a aussi gagné le droit d’être accompagné pendant trois mois par Tickets for Change. Il s’agit du concept « Maison de vie » porté par Caroline Deligny, Alexandre Faure et trois autres partenaires.
« L’objectif est d’améliorer l’inclusion des personnes atteintes d’une maladie neurodégénérative afin qu’elles soient mieux intégrées dans la vie de la société, que le regard porté sur ces maladies change, expose Alexandre Faure. Concrètement, il s’agit de créer un habitat inclusif pour huit à dix personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou apparentées, une sorte de colocation avec la présence d’un accompagnant 24 heures sur 24, dans une vraie maison, familiale, rythmée par la vie quotidienne et les besoins de chacun. Les familles peuvent même s’y investir si elles le souhaitent. » Il poursuit : « Caroline est psychomotricienne et a une forte expérience auprès des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. En effet, elle a fondé une unité d’intervention à domicile et a aussi travaillé dans un Ehpad [établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes] privé qui fondait son pôle d’activités et de soins adaptés [Pasa]. Aujourd’hui, la méthodologie du Pasa lui plaît, mais elle aimerait la développer dans un environnement spécifiquement dédié aux malades d’Alzheimer, et pas uniquement dans une unité fermée d’un Ehpad. D’où la Maison de vie… »
Et de conclure : « Notre ambition avec ce projet est d’arriver à créer un modèle d’habitat inclusif et de l’utiliser à la fois pour apporter une solution aux malades d’Alzheimer mais aussi pour améliorer globalement l’inclusion des malades d’Alzheimer dans la société. C’est pourquoi, dans la mesure du possible, nous aimerions associer des malades à certaines étapes de la conception du lieu, pour que celui-ci soit réellement pensé en fonction de leurs besoins. Ce n’est pas évident, mais c’est en cela que c’est intéressant : défricher un sujet avec des solutions qui n’existent pas pour le moment. » Tout un programme…
UN FLASHCODE POUR SUIVRE LES SENIORS
En 2019, les pompiers auront accès en temps réel aux données médicales d’une victime grâce à un flashcode. Ce dispositif, unique en France, est expérimenté auprès de 8 000 personnes. Installée à Compiègne, la société IDUTag propose cette prestation et équipe déjà le service d’incendie et de secours de l’Oise en tablettes capables de déchiffrer ces flashcodes.
TRAIT D’UNION
En France, on compte 400 interprètes en langue des signes (LSF) diplômés, lorsque les besoins sont estimés à 3 000. Pour garantir une accessibilité réelle aux services, des traducteurs en LSF ont créé la plateforme numérique Trait d’union, qui permet de trouver et de réserver la prestation d’un traducteur près de chez soi, sur tout le territoire. Trait d’union s’appuie sur un maillage national afin de proposer aux professionnels une offre centralisée et efficace d’interprètes diplômés, mais aussi pour accompagner les entreprises souhaitant mettre en place un dispositif d’accueil et d’accessibilité des personnes sourdes et malentendantes « signantes ».