AVEC PLUS DE 850 CLINIQUES OU EHPAD implantés un peu partout en Europe, le groupe français Orpea est l’un des leaders européens du marché du service aux personnes âgées. Et l’entreprise ne cesse de renforcer sa position en multipliant les acquisitions ces dernières semaines, notamment en Allemagne et en Espagne. Si la situation économique est au beau fixe, les syndicats, de leur côté, déplorent des conditions de travail de plus en plus compliquées. Et ce, à l’échelle européenne.
Ainsi, en France, une partie du personnel de deux cliniques du groupe Orpea s’est mise en grève au début septembre « pour protester contre le manque d’effectifs et de matériel », confirme Guillaume Gobet, délégué syndical central CGT. Et de déplorer : « La direction a toujours eu la même réponse, à savoir un refus total de dialogue. » Il poursuit : « Syndicalement, nous avons un gros souci sur la problématique des ratios de personnel. A Orpea, dans les Ehpad, nous estimons être à 0,47 personnel pour un résident, alors que les préconisations sont à 0,6 personnel. Nous sommes largement en dessous de ce qui est préconisé. Ce qui engendre une surcharge de travail, une pénibilité encore plus accrue. »
« A l’échelle européenne, dans les établissements Orpea, les conditions de travail sont très difficiles, déplore Pablo Sanchez, attaché de presse de la European Federation of Public Service Unions. Il y a un manque de matériel, des effectifs insuffisants, des non-remplacements de poste… Tout cela engendre des tensions, des difficultés. Et c’est à mettre en perspective avec le modèle de rentabilité, de profitabilité de ce groupe… »
C’est pourquoi, le 26 octobre, des syndicalistes de tout le continent se sont retrouvés pour préparer la création d’un comité d’établissement européen. Guillaume Gobet précise : « L’enjeu est d’obtenir des informations économiques, une vision globale du groupe que nous n’arrivions pas à avoir. Cela va nous permettre de créer un réseau syndical au niveau européen afin de peser plus lors des négociations, même au niveau national, voire local. »
De quoi lancer une mobilisation européenne ? « C’est en réflexion, assure le syndicaliste français. Il n’y a pas encore de date, d’organisation concrète, mais nous y réfléchissons. Nous avons besoin de mettre quelque chose en place pour pouvoir peser au niveau des négociations dans chaque pays, mais il est encore trop tôt pour dire quand et comment cela va se faire. »