EN ATTENDANT LA PUBLICATION DE SON ENQUÊTE, en 2019, sur le « Paysage associatif français », Viviane Tchernonog, chercheuse au Centre d’économie de la Sorbonne, en a dévoilé les grandes lignes. Dans un entretien accordé au site Internet du centre de ressources Cides (Chorum initiatives pour le développement de l’économie sociale), l’économiste pointe un double phénomène : d’un côté, une « vitalité citoyenne » se traduisant par une hausse du nombre d’associations depuis la dernière enquête (2012) ; de l’autre, des associations qui ne se développent plus.
La croissance observée concerne « surtout les petites associations de bénévoles qui animent le quartier et la vie locale ». Le signe, selon Viviane Tchernonog, que « les citoyens s’engagent ». Dans le même temps, le nombre d’associations employeuses baisse, mais sont un peu plus grosses, résultat d’un mouvement de concentration. Autre point : bien que, ces dernières années, les conseils départementaux aient externalisé une partie de leurs missions vers les associations, celles-ci ne se développent plus, leurs budgets et leurs effectifs stagnent. « Il y a de quoi s’inquiéter sur l’état actuel des associations et sur leurs perspectives d’avenir », estime Viviane Tchernonog. D’autant que, pour la première fois, les financements publics sont devenus minoritaires (45 %). « Aujourd’hui, constate-t-elle, la seule alternative est d’accéder aux financements privés », et notamment aux ventes de biens et services aux usagers, qui ont crû de 4 à 5 % par an, en six ans. « Cela signifie que, dorénavant, le service associatif va s’acheter », avec le risque, s’alarme la chercheuse, qu’il devienne inaccessible aux plus démunis.