S’IL FALLAIT UNE PREUVE SUPPLÉMENTAIRE de l’absolue nécessité de développer l’aide aux aidants, notre enquête ci-dessous sur la maltraitance des personnes âgées et de celles en situation de handicap la fournirait. En nous appuyant sur les résultats de l’étude pour l’année 2017 du 3977, le numéro national d’écoute et de lutte contre la maltraitance de ces publics fragiles, nous révélons deux vérités, jusque-là cachées. D’une part, que les maltraitances augmentent, et encore il n’est pas certain que les chiffres soient exhaustifs car tous les actes ne remontent pas forcément. D’autre part, que les violences ont lieu au domicile et sont le fait des… aidants familiaux. Cela en dit long sur leur situation, car ils ne sont ni des pervers ni des monstres. Mais voilà, s’occuper d’un proche dépendant ou en situation de handicap lourd est épuisant physiquement et psychiquement. La maltraitance, ce n’est pas la violence physique. Elle recouvre des formes multiples et variées. La maltraitance, c’est d’abord de la non-traitance de la part d’un aidant face à une responsabilité qui le dépasse et à laquelle il n’a pas été préparé. La première cause de la maltraitance, c’est d’abord la solitude de l’aidant, que l’on peut comparer à celle des personnels dans les établissements, dont on sait que la plupart des cas de maltraitance sont la conséquence de la faiblesse de l’encadrement des résidents, l’inaccessible 1 pour 1…
Alors, oui, il est urgent de développer l’aide aux aidants sous toutes les formes possibles et imaginables, notamment mais pas seulement le « baluchonnage » (voir ASH n° 3077 du 28-09-18, page 22). L’enjeu est, ni plus ni moins, la réussite de l’adaptation de la société au vieillissement. Cette aide aux aidants déterminera si la société du vieillissement sera humaine ou ne le sera pas.