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Chatouiller n’est pas jouer !

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À L’ÉCRAN, AU DEBUT DU FILM, UNE JEUNE FEMME danse puissamment, rageusement. C’est Odette, qui rêvait d’être l’héroïne du Lac des cygnes et dont la vie a basculé à l’âge de 8 ans lorsque Gilbert, un ami de ses parents, marié et père de trois garçons, lui a proposé de s’enfermer dans la salle de bains et de jouer à la poupée. Un jeu qu’il appelle « les chatouilles » et dont il fait promettre à la petite fille de ne parler à personne. Odette restera muette jusqu’au jour où, devenue adulte, elle passe la porte d’une « psy » et lâche tout : « Avant, je pouvais vivre sans penser à ça. Maintenant, je vois son image et ses mains partout. » C’est Andréa Bescond, la réalisatrice du film avec Eric Métayer, qui incarne Odette. Qui mieux qu’elle, en effet, peut jouer sa propre histoire, celle d’une enfant abusée sexuellement pendant quatre ans ? Une autobiographie qu’elle avait déjà adaptée et interprétée au théâtre dans Les chatouilles ou La danse de la colère. Selon le Conseil de l’Europe, un enfant sur cinq subi des violences sexuelles. Sans concession mais avec pudeur, le film en aborde tous les aspects : le silence de l’enfant sous l’emprise de l’agresseur, les parents qui tombent des nues, le violeur si gentil en apparence, la « défonce » d’une adolescente traumatisée et angoissée, son sentiment de culpabilité, sa difficulté à faire confiance en l’amour, la peur de tout révéler et de tout détruire autour d’elle, la nécessaire mais difficile thérapie, le déni… « J’aurais juste voulu que tu me prennes dans tes bras et que tu me dises que tu es désolée », avoue Odette à sa mère, qui se soucie davantage du qu’en-dira-t-on que de sa fille… Une scène très forte de ce film « coup de poing ». Andréa Bescond ne prétend pas faire bouger les choses, mais elle espère qu’il sera vu par le plus grand nombre, que la parole, en rendant dicible l’indicible, se libérera et que de plus en plus de femmes et d’hommes témoigneront, porteront plainte, seront reconnus comme victimes et arriveront à se reconstruire. Car tout le film – et c’est là son message d’espoir – raconte l’histoire d’une réparation.

Notes

« Les Chatouilles » – Andréa Bescond et Eric Métayer – En salles depuis le 14 novembre.

Culture pro

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