70 MILLIARDS D’EUROS, 3,2 % DU PIB. Ce sont les chiffres macro-économiques à retenir d’une étude de la Drees sur l’action et l’aide sociales. Destinée aux personnes âgées, handicapées et en situation de précarité, cette manne constitue un extraordinaire amortisseur social et maintient, malgré le creusement des inégalités, un semblant de cohésion sociale. Que feraient, que deviendraient les bénéficiaires de ces aides ? Ceux qui ne cessent, au nom de la réduction des prélèvements obligatoires, de réclamer une baisse drastique de l’assistance sociale – « le cancer de la société » a même osé un responsable politique – devraient s’interroger sur l’alternative possible.
L’Etat et les collectivités locales jouent au jeu du chat et de la souris sur la responsabilité de la gestion de la politique sociale. Le premier transfère aux départements des compétences sans leur transférer tous les moyens correspondant. Du coup, ceux-ci sont les principaux dispensateurs d’aide sociale qui est leur plus important poste budgétaire. Ils ne cessent de se plaindre de cette charge qui leur est imposée par l’Etat. Celui-ci en effet décide des conditions d’attribution de certaines allocations comme le revenu de solidarité active que les départements doivent assumer.
Cette construction baroque où chacun se renvoie le mistigri de l’aide sociale ne peut pas perdurer. L’Etat doit avoir une politique claire par rapport à l’aide sociale et définir des objectifs. Le plan de lutte contre la pauvreté – qui est un des aspects importants de l’aide sociale – annoncé en septembre se situe dans une perspective objectivée – ramener les exclus vers le monde du travail et former les plus jeunes – plutôt que de distribuer éternellement des aides. L’ensemble de la politique sociale devrait être passée au tamis de l’objectivation. Une nécessité d’autant plus impérieuse qu’avec le vieillissement de la population, la demande et le besoin d’aide sociale vont exploser.