La pauvreté invisible

SELON LA DÉFINITION QUE L’ON EN DONNE, la pauvreté toucherait entre 5 et 9 millions de personnes en France. Il y a les pauvres que tout le monde peut voir, dans la rue, et les autres. Les journalistes du magazine Réseau d’enquêtes sont allés à la rencontre de cette population invisible, dans le III^e arrondissement de Marseille, le territoire le plus pauvre de France, mais aussi en Seine-Saint-Denis et dans la Creuse. Leur enquête, « La face cachée de la pauvreté », sera diffusée le mardi 13 novembre sur France 3. Logements insalubres, difficultés pour payer son loyer, remplir son frigo, acheter les fournitures de classe à ses enfants… Le constat est accablant. Les témoignages, sans appel : « quand on est pauvre, on n’intéresse personne », « on ne vit pas, on survit ». Ainsi ce couple d’agriculteurs vivant comme au XIX^e siècle, sans confort et loin de tout ; ou encore cette femme contrainte d’accepter de se faire exploiter et de coucher avec son patron après ses heures de ménage parce que « quand on est pauvre, on n’a pas le choix ». La misère touche aussi les plus jeunes. Et des enfants vulnérables, le proviseur du lycée Saint-Exupéry de Marseille en voit de plus en plus dans son établissement : « A partir de la classe de seconde, nous avons beaucoup d’élèves qui travaillent en parallèle de leurs cours pour apporter un complément de revenus à leurs parents. » Sans compter ceux qui ne font qu’un repas par jour… Selon Caroline, qui enseigne la philosophie, la grande pauvreté n’est pas synonyme d’échec scolaire et le lycée est parfois « le seul espace sécurisant » où on peut laisser ses soucis à la porte. Mais si l’école représente un espoir de s’en sortir, le parcours est beaucoup plus dur pour les élèves démunis. Après le documentaire, un débat tentera de répondre à des questions clés : comment est-il possible d’abandonner à ce point toute une partie de la population ? Pourquoi la « pauvrophobie », le rejet des pauvres, s’exprime-t-elle de plus en plus ouvertement ? Comment réussir sa vie « malgré tout » ?