LA POSTE A ENTÉRINÉ DEPUIS LE 25 SEPTEMBRE UN ACCORD intitulé « vie professionnelle et vie personnelle des postières et des postiers aidants », après une concertation d’un mois. « La Poste avait déjà des dispositifs d’accompagnement social pour les aidants, nous avons souhaité compléter ce soutien par des mesures de souplesse pour leur permettre de mieux concilier leur rôle d’aidant avec leur vie professionnelle », explique le groupe dans un communiqué. Parmi les 220 000 salariés du groupe, difficile de savoir combien précisément seront concernés, « car les aidants ne sont pas identifiés. Nous aurons une meilleure visibilité grâce à l’application de cet accord. »
Consciente que l’activité de proche aidant est « lourde à assumer et suppose du temps », et a donc nécessairement des répercussions sur la vie professionnelle, La Poste a, avec la majorité des organisations syndicales, pris certaines dispositions pour faciliter l’organisation de leur vie au quotidien. Les postiers aidants bénéficient ainsi de trois jours d’autorisation d’absence par an pour accompagner le proche aidé à l’occasion de démarches médicales ou administratives, de la possibilité de télétravailler, de facilités dans l’organisation du temps de travail en termes d’horaires et d’un accès simplifié au temps partiel. Ils peuvent également demander un accompagnement personnalisé si un besoin d’évolution professionnelle est exprimé, comme une demande de mobilité géographique.
Isabelle Contamine, directrice d’animation commerciale sur les nouveaux services et aidante familiale aussi bien pour sa fille handicapée de 15 ans que pour sa mère de 81 ans, est aux anges. « Cet accord met en place des facilités comme le télétravail flottant de 25 jours : si j’emmène ma mère à l’hôpital, je peux travailler de chez moi et éviter les allers-retours intempestifs. Le fait que l’entreprise s’intéresse aux aidants me rend heureuse d’être à La Poste, même si on pourrait y voir de la flagornerie de ma part. M’épanouir dans ma vie de femme me donne plus de motivation, me rend plus efficace et me permet de renvoyer l’ascenseur à mon employeur. D’autres mères d’enfants handicapés qui n’ont pas les mêmes conditions de travail doivent parfois passer à mi-temps, avec perte de salaire, vie sociale limitée… »
Cet enthousiasme n’a pas été partagé par tous les salariés. De l’aveu de Sud PTT et de la CGT, la consultation préalable à la signature de l’accord n’a pas soulevé les foules, en raison probablement d’une méconnaissance du sujet par la majorité des salariés. La CGT a d’ailleurs refusé de signer l’accord, « pétri de bons sentiments mais qui ne permet pas de répondre véritablement aux situations difficiles, en s’appuyant essentiellement sur la bonne volonté du personnel », analyse Valérie Mannevy, membre du bureau fédéral. « La tournée d’un aidant facteur qui prend sa journée ne sera pas faite, et en l’absence de remplaçant il aura une double charge de travail le lendemain. Pour un guichetier, on fermera le bureau de poste. Beaucoup d’organisations ont signé cet accord, qui joue sur la fibre empathique parce qu’on est en période électorale, mais les répercussions ne se verront qu’à long terme, au détriment de l’emploi. »