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« Il faudrait que les AVS soient réellement formées aux différents handicaps »

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La jeune femme de 21 ans nous parle de la réalité de la scolarité pour une jeune personne en situation de handicap en France.

« J’étais dans un système spécialisé jusqu’à mes huit ans. Ensuite, je suis passée en milieu ordinaire. Mais cela n’a pas été facile. Mes parents ont eu énormément de mal à trouver une école qui m’acceptait. À tel point que ma mère a dû écrire une lettre au Sénat pour que je puisse avoir ma place. Alors que je vivais dans Paris, la seule solution trouvée a finalement été une école à Levallois. Pas évident pour les déplacements. Mais j’y suis tout de même restée deux ans (CM1, CM2). Sur place, ça s’est très bien passé. L’accueil était bon, j’étais accompagnée d’une AVS (Auxiliaire de vie scolaire) qui m’aidait notamment pour la prise de notes. Au collège et au lycée, j’étais aussi accompagnée par une AVS mais elle changeait d’une année à l’autre. Ce qui complique quand même beaucoup les choses. Tous les ans, il fallait que la personne s’adapte à moi et que je m’adapte à elle. Tout au long de ma scolarité, j’ai suivi un PPI (Projet pédagogique individualisé). Celui-ci a mis du temps à bien se mettre en place mais une fois que ça a été le cas, vers le milieu du collège, il n’y avait plus trop de soucis. En plus, à partir du lycée, j’ai eu la même AVS pendant trois ans. Ce qui est quand même bien mieux, notamment au niveau de l’accompagnement psychologique et de l’inclusion sociale. En effet, elle m’a énormément donné confiance en moi. Elle connaissait mes amis, ma famille…

« Un long processus pour y arriver »

Après l’obtention de mon bac, je me suis engagée dans des études de psychologie clinique. Ce qui m’a permis de partir un an à l’étranger grâce au programme Erasmus, plus précisément au Trinity College à Dublin. C’était un long processus pour y arriver. Dès la fin de la première année de fac, je me suis rendue dans le bureau des demandes. J’y suis retournée en début de deuxième année. On m’a soumis les dossiers à remplir pour partir en troisième année. En plus des requêtes habituelles, il fallait que je demande notamment un appartement adapté à ma situation et une aide de vie en conséquence. On a donc fait une demande d’appartement adapté pour que je sois à l’intérieur du campus, que je n’ai pas de déplacements trop longs à faire. J’ai fait la demande en décembre et nous n’avons eu un retour que fin juillet, à quelques semaines du départ. J’ai partagé cet appartement avec deux autres personnes en situation de handicap, deux jeunes filles qui n’étaient pas en fauteuil. Je me suis très bien entendue avec elles. Je n’avais jamais vécu seule, ni en colocation donc ça a été une très belle expérience pour moi. Malgré une aide de vie qui venait m’aider matins et soirs, cela m’a permis de gagner en autonomie.

« Que les AVS soient réellement formées aux différents handicaps »

Je suis très proche de mes parents. Ils m’aident énormément. Mais je voulais voir si j’étais capable d’être autonome. C’était un vrai challenge pour moi de partir un an à l’étranger. Grâce à cette expérience, je suis devenue plus autonome. Même si je suis retournée vivre chez mes parents, je ne fonctionne plus de la même manière. J’ai gagné de l’autonomie physique mais aussi intellectuelle.

Selon moi, au regard de mon expérience, il faudrait que les AVS soient réellement formées aux différents handicaps. Pour cela, il faut que des fonds soient débloqués. Elles font vraiment un travail essentiel, indispensable. Je n’aurais pas pu suivre une scolarité classique sans AVS, ça n’aurait pas été possible. Il faudrait aussi que des AVS soient mis à disposition pour les étudiants en fac, que ça ne s’arrête pas à la terminale. On existe encore après le bac ! À la fac, des aménagements sont certes mis en place. Auparavant quelqu’un prenait mes notes, désormais je dois me débrouiller seule. Moi, je peux le faire, mais d’autres ne le peuvent pas. Du coup, elles sont larguées. Ce n’est pas possible de lâcher les étudiants en cours de parcours ! On parle de parcours de vie et non pas de parcours de scolarité jusqu’à la terminale ! C’est comme si après le lycée, on estime que la fac et les études supérieures ne sont pas faites pour les personnes en situation de handicap. On nous enlève de facto des possibilités d’avoir un travail plus tard. En effet, sans études supérieures, c’est tout de même plus compliqué de trouver un travail. »

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