Du 11 au 14 octobre avait lieu le 2e salon E-Tonomy, dédié à l’innovation technologique et sociale au service de l’autonomie des personnes âgées ou en situation de handicap, réunissant 80 exposants.
Lauréate du trophée « innovation », la start-up Aurizone s’est fait remarquer grâce à un GPS d’intérieur destiné à la mobilité des personnes malvoyantes dans les environnements publics ou privés. A l’intérieur des bâtiments dans lesquels des balises auront été disposées au préalable pour permettre une géolocalisation précise, l’application gratuite propose un itinéraire qui permet, au fil de l’oreillette, d’atteindre la salle ou le point désiré.
Autre application d’intérêt, dont la sortie est prévue en novembre – le site est disponible depuis quatre mois –, Mobalib est le premier réseau social à destination des personnes en situation de handicap. « Notre algorythme fait matcher ceux qui sont à même de s’entraider », détaille Marina Désiré, l’une des associés fondateurs du projet. « On s’enregistre handicapé, proche aidant ou valide. Nous ne demandons pas aux personnes quel est leur handicap, mais nous identifions des besoins en fonction des interactions réalisées sur le réseau. » Ainsi, un restaurant calme pourra représenter un besoin pour une mère d’enfant autiste comme pour une personne malentendante. L’idée sous-jacente étant de créer des ponts entre « des grandes associations du handicap très cloisonnées », poursuit Marina Désiré. « Une personne qui trouvait une solution n’avait pas le moyen de la partager avec une autre qui n’est pas de la même famille de handicap, l’information ne transitait pas. »
Concrètement, un fil d’actualité permet de voir les discussions de la communauté, que cela concerne des démarches, des demandes de rencontres… Il est également possible d’entrer dans un moteur de recherche les mots clés de sa demande pour voir si elle a déjà été traitée. Quand une réponse est jugée utile par le reste de la communauté, on monte en « expertise » dans le réseau, jusqu’à devenir une personne ressource, à qui des notifications seront susceptibles d’être envoyées si une question entre dans son domaine de compétence.
Toujours dans le domaine des applications utiles, Lpliz est destinée aux personnes atteintes d’un handicap invisible « qui a la particularité de créer des soucis au quotidien, quand on s’y attend le moins », fait remarquer Patrick Fernandez, l’un des cofondateurs. « L’idée a germé grâce à Léna, 16 ans, dont les troubles de l’équilibre génèrent un stress permanent. Elle a perdu confiance en elle au point de ne plus oser sortir seule. Nous avons créé l’application pour qu’elle soit tranquillisée pendant ses trajets, de même que son entourage qui ne sera plus en surprotection. »
L’outil numérique met en relation des personnes physiquement, en créant des communautés aidés-aidants pour que les derniers puissent assister les premiers. Si la personne en situation de handicap se retrouve en détresse à un instant T, elle peut presser une touche qui enverra une notification géolocalisée aux aidants se trouvant dans un périmètre de 1 à 5 km autour d’elle, qui pourront ainsi aider à la bonne marche du hobby. Lpliz est donc est un outil d’assistance à la personne, aussi utilisé par certains établissements, mais pas seulement : ses créateurs se sont aperçus que cette connexion était utilisée comme créateur de lien social, avec une présence de l’aidant pendant l’activité ne se limitant pas à un appui en cas de besoin. Quand on demande à Patrick Fernandez si son application n’est pas révélatrice d’un délitement du lien social traditionnel, il s’inscrit en faux : « La situation de détresse est parfois difficile à percevoir, passer par une application évite les quiproquos. Les gens bienveillants ne remarquent pas toujours que d’autres sont en difficulté, ou à l’inverse peuvent estimer que la personne est en difficulté alors qu’elle ne l’est pas, ce qui risquerait de créer inutilement de la stigmatisation. »
Côté objets connectés, Gaspard est un tapis visant à prévenir les escarres, cisaillements et autres problèmes de peaux dans le cadre du positionnement et de l’activité en fauteuil roulant. Une nappe de capteurs autonomes sur batterie transmet les informations en temps réel par Bluetooth au téléphone de l’utilisateur, qui dispose de différentes fonctionnalités : compteur de mouvements pour motiver les personnes à réaliser un objectif journalier, détection de mauvaise posture, temps passé dans le fauteuil. Ces données peuvent être exportées par mail pour que le personnel puisse évaluer l’évolution de la pathologie, l’efficacité du matériel… Un produit qui trouverait sans peine sa place dans les établissements à l’heure de la polémique sur la maltraitance institutionnalisée.
Wheelchair Conceptualisé par l’association Poc d’Epitech, ce casque permet de contrôler son fauteuil roulant par la pensée. La technologie, qui surfe sur la démocratisation des casques à électroencéphalogramme, servira notamment les tétraplégiques. Elle ne pourra cependant être utilisée qu’en intérieur, en raison des trop nombreux risques d’interférence à l’extérieur. Actuellement en phase de recherche, l’ambition de ses créateurs est de proposer un prix à l’achat de 200 €.
Project blind Autre projet de l’association Poc, Project Blind veut parer au problème des chutes de personnes âgées en France, qui causent 12 000 décès par an. Une intelligence artificielle, connectée à des caméras modifiées – anonymisant la personne grâce à un rendu d’image de style caméra thermique –, détecte de manière quasi systématique la survenance d’une chute dans les pièces équipées. Le contrôleur ou le proche est alors averti de l’incident. Le projet pourrait trouver son point de chute dans les établissements pour personnes âgées dépendantes.