EN 2016, 118 MILLIONS DE PERSONNES ÉTAIENT EN SITUATION DE RISQUE DE PAUVRETÉ ou d’exclusion sociale dans l’Union européenne (UE) (soit 23,5 % de la population), selon un rapport de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) rendu public le 17 octobre. Toutefois, les situations de pauvreté divergent selon les pays. L’indicateur At Risk Of Poverty or Social Exclusion (Arope) permet de combiner trois dimensions de la pauvreté : la pauvreté monétaire, la privation matérielle et l’exclusion, totale ou partielle, du marché du travail. « Ainsi appréhendée, la pauvreté ne se résume plus à un seul chiffre, souligne la Drees. Ce qui présente l’avantage d’englober des situations différentes et d’appréhender les conditions de vie, ce qui reflète mieux les multiples situations de pauvreté ».
Dès lors, selon l’étude, en 2016, 38 millions de personnes en Europe étaient en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale en prenant en compte la situation de privation matérielle, 39 millions selon le critère de la très faible intensité au travail et 87 millions selon celui des ressources monétaires. « Certaines personnes sont confrontées à plusieurs formes de pauvreté et appartiennent donc simultanément à deux ou trois de ces catégories. C’est pourquoi les effectifs au sens d’Arope au sein de l’UE sont inférieurs (118 millions) à la somme de ces trois populations », explique la Drees. « Ces effectifs sont toutefois probablement sous-estimés ».
A noter que « la situation est très contrastée en Europe, où les écarts ont eu tendance à s’accentuer entre pays après la crise de 2008 et les politiques d’ajustement menées ». Si, en 2016, le taux de risque de pauvreté ou d’exclusion sociale mesuré par l’Arope atteignait 24 % dans l’ensemble de l’UE, il variait ainsi de 13 % en République tchèque à 40 % en Bulgarie (18 % pour la France). De manière générale, « les pays du sud de l’Europe, les plus touchés, ont vu leur situation relative se dégrader, à l’inverse de la plupart des pays de l’Est », note la Drees. Autre conclusion de cette enquête : « Les femmes, les jeunes et les personnes sans emploi ou en situation d’isolement sont généralement les plus concernés. »