LANCE EN 2013 PAR LA FONDATION CAISSES D’EPARGNE POUR LA SOLIDARITÉ (devenue depuis la Fondation Partage et vie), le projet M@do expérimente le principe de la « maison de retraite à domicile ». Il consiste en « une prestation complète, polyvalente et coordonnée comprenant des soins et des services domestiques 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, à raison de trois à six passages par 24 heures, en s’appuyant sur une structure de coordination constituée », explique le professeur Claude Jeandel, président du Conseil national professionnel de gériatrie et membre du directoire de la fondation. La structure de coordination est constituée d’une plateforme de téléassistance « adossée à un case manager avec une double compétence d’infirmière coordinatrice et d’assistante sociale », d’intervenants à domicile (auxiliaires de vie sociale et aides-soignants), d’un médecin coordonnateur, d’une garde itinérante de nuit, de professionnels de santé libéraux (infirmiers, médecins, ergothérapeutes), avec des objets connectés à domicile (détecteurs, balisage lumineux, boîte à clés numérique, tablette tactile, cahier de liaison dématérialisé) ainsi que des places d’Ehpad réservées en cas de besoin.
Claude Jeandel a apporté des précisions concernant le modèle financier du projet. Trois groupes de charges sont répartis en deux sections tarifaires (hébergement et soins). Le surcoût « soins » de 25 % est lié au temps de déplacement et le coût moyen journalier est de 100 à 150 € (dont 50 à 55 € pour l’hébergement, hors allocation personnalisée d’autonomie). Le coût annuel à la place est de 37 000 € (contre 42 000 € pour un Ehpad traditionnel). « Les frais de structure, de redevance et d’amortissement sont presque absents, ce qui explique l’intérêt de ce modèle », souligne-t-il.
Avec le soutien de l’agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France, la Croix-Rouge française mène également depuis 2017 et pour une durée de deux ans un projet d’« Ehpad à domicile » à Sartrouville (Yvelines) qui vise à prendre en charge 24 personnes âgées. A la différence du projet M@do, cette expérimentation s’appuie sur des structures existantes, et non sur la création d’une équipe ad hoc. Ce projet, baptisé Ehpa@dom, est coporté par l’Ehpad Résidence Stéphanie, le service de soins infirmiers à domicile (Ssiad) et le service d’aide et d’accompagnement à domicile (Saad) de la Croix-Rouge française à Sartrouville, en partenariat avec Bluelinea, prestataire de téléassistance et des équipes de recherche. La Croix-Rouge finance cette expérimentation sur ses fonds propres et avec le soutien de la Fondation Médéric Alzheimer et du groupe d’assurance Malakoff Médéric, ce qui permet un reste à charge de moins de 200 € par mois. Lors de son intervention au colloque, Ingrid Lauvray, déléguée « personnes âgées-domicile » à la Croix-Rouge française, a égrené les points forts du projet : « le partage des postes de soignants » entre Ehpad et domicile, « la synchronisation des plans de formation », « la mutualisation des astreintes » et « le pilotage commun de la qualité et de gestion du risque ». Parmi les points faibles encore existants, la question de l’interopérabilité des systèmes d’information entre l’Ehpad, l’hôpital, le médecin libéral, le Ssiad et le Saad.