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À l’heure de la « solidarité 2.0 »

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Au-dessus d’une découpeuse laser, une affiche « Faites un don de scan ». Dans la salle s’étale un joyeux bazar : imprimantes 3D, boîtes à outils, plans griffonnés. Julien, ancien architecte naval, fait la visite guidée du « Humanlab », un atelier de fabrique d’aide technique au handicap, basé au sein du centre de formation Askoria. Ici, une imprimante en braille. Là, un fauteuil roulant fusionné avec une trottinette électrique. « Les personnes en situation de handicap viennent nous voir au lab avec leurs envies, leurs problématiques. Tout au long du projet, elles testent et coordonnent », présente Alexandre Loison, président de l’association My Human Kit. Une femme paraplégique vient d’achever la fabrication d’un appuie-tête mobile manuellement, afin de ne pas avoir à tourner son fauteuil chaque fois qu’elle doit s’adresser à un interlocuteur. « Cela permet de changer leur regard sur leur handicap : il s’agit de ne plus être dépendant de prescripteurs, du marché, mais de se rendre compte de ses capacités techniques », souligne le président de l’association. Avec une équipe composée de férus de technologie, My Human Kit ne reste selon lui qu’une « passerelle pour travailleurs sociaux. Nous nous inscrivons dans un écosystème compliqué, avec des structures sociales anciennes : nous, petits nouveaux, bousculons les formes habituelles. Cela interroge : est-ce que l’on fait du social ou non ? »

Outil ou finalité ?

Est-ce cela, l’ère de la « solidarité 2.0 » ? Lors de la soirée d’ouverture du Salon, les intervenants, Jean Saslawsky, directeur général de la Fondation La France s’engage, l’étudiant en formation d’éducateur spécialisé Antoine Leroyer, ou encore le journaliste Edouard Zambeaux, réalisateur du film Un jour ça ira, s’accordaient sur le fait que numérique et technologie restaient « des outils, non des finalités ». Et qu’ils ne pouvaient en rien « remplacer » le contact et l’interactivité « à la base du geste de solidarité ».

Certaines initiatives présentées au Salon se cantonnent bien à cette fonction d’« outil ». Parmi les stands, l’Union régionale des associations de parents d’enfants déficients auditifs (Urapeda) planche sur une nouvelle assistance technique : « Flash Sign », qui consiste à traduire des documents administratifs en langue des signes. « Beaucoup de sourds ont des difficultés face à l’écrit. Cet aspect du handicap est peu pris en compte, y compris par des structures sensibilisées à leur accompagnement », explique Christelle Valentini, responsable du service « études emploi formation » à l’Urapeda. Lorsque la personne flashe un QR code apposé sur le document, une vidéo apparaît sur son smartphone, dans laquelle un interprète en langue des signes en fait la traduction. Encore à ses prémices, le dispositif a été testé avec un Esat Bretagne Ateliers où ont été traduits, pour 13 personnes sourdes employées, « les consignes de sécurité et la liste des documents à fournir pour leur contrat de travail, qu’elles ne comprenaient pas ».

Plus qu’un simple « outil » cette fois, l’association Entourage propose une application mobile organisant la solidarité des riverains envers les sans-abris de leur quartier. Elle contient une carte interactive des actions et des outils d’alerte pour que les citoyens relaient les besoins des personnes rencontrées. Guillaume, jeune travailleur social de l’association, insiste sur le « consentement » des personnes sans abri : l’application a été critiquée, à son lancement, sur la question des données. Le jeune homme tient à souligner qu’il ne s’agit pas de « faire le travail des travailleurs sociaux, mais de créer un cercle de bienveillance dans le voisinage ». Un usage de la technologie qui remodèle tout de même les contours traditionnels des gestes de solidarité, et interroge sur l’articulation possible avec un accompagnement professionnel.

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