(PMI) à Paris. Depuis 2015, elle anime le blog « Stéthoscope en compote » où elle raconte son quotidien et ses états d’âme de professionnelle. Des chroniques souvent drôles, quelquefois graves, que l’auteure a eu la bonne idée de rassembler dans un petit livre. Elle y parle d’accompagnement, de protection de l’enfance, de parentalité, de placement, de cadre, de lien, de secret professionnel… « Ça n’a l’air de rien de détenir un secret mais ça peut être lourd de conséquences. Un battement d’ailes de papillon. Un mot de trop ou de pas assez. Mais le pire de tout, c’est de savoir sans que les parents sachent que l’on sait », avoue-t-elle. Alors, elle l’assure un peu plus loin : « Si j’ai appris quelque chose depuis que je travaille, c’est qu’il faut être transparent avec les familles. Ne pas omettre. Ne pas mentir. » A une condition : ne pas mettre l’enfant en danger. Etre médecin de PMI, c’est également être confronté à des situations familiales difficiles qui « font clignoter nos alertes ». Ainsi, cette petite fille d’à peine 5 ans, à l’hygiène aléatoire, absente ou en retard à l’école maternelle et qui va mal depuis plus d’un an. Sa maman, confiée à l’aide sociale à l’enfance quand elle était enfant à la suite de violences, est en souffrance elle aussi. Son papa, lui, est dans le déni. Impossible de mettre en place une mesure éducative administrative, les deux parents doivent être d’accord et participatifs. « Alors il a fallu signaler la situation de cette famille au juge des enfants », raconte Kristell Guével. Un jour qu’elle est en formation avec des collègues, elle apprend que, en France, environ 10 % des enfants seraient maltraités. « Nous pensions sauver le monde des familles perdues au pays de la méséducation et du mésamour. En fait, nous ne sommes qu’une goutte d’eau dans l’océan tourmenté de la souffrance. Ça rend modeste ! », écrit-elle. Oui mais, avec les petites gouttes d’eau, on fait les grandes rivières.
« Stéthoscope en compote. Chroniques d’un médecin de PMI » – Kristell Guével – Ed. Presses de l’EHESP, 12 €.