LA PERSPECTIVE DE LA RÉFORME ANNONCÉE de la dépendance et de son financement par l’instauration d’un risque spécifique excite les imaginations, suscite des réflexions et encourage les initiatives. A côté de la concertation officielle lancée par la ministre des Solidarités et de la Santé, les initiatives multiples et variées visant à enrichir le débat sont nombreuses. La députée Monique Iborra (LREM), spécialiste de ces questions depuis son rapport sur la grande misère des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), y est allée de son colloque.
Au-delà de la forme du financement, il apparaît que le vrai enjeu est d’ordre organisationnel et conceptuel. Parce que la démographie évolue rapidement et que les technologies nouvelles apportent des services actuels et potentiels considérables, l’avenir ne sera pas à un choix binaire entre l’établissement traditionnel et le domicile mais entre ces deux extrêmes, entre des structures intermédiaires à inventer, adaptées à l’évolution de la situation des personnes âgées, et le domicile lui-même, celui-ci pouvant être évolutif grâce à la connectivité et à l’intelligence artificielle. Il y a parfois un peu de science-fiction à écouter les scénarios évoqués par les futuristes mais l’avenir n’est écrit nulle part. Qui aurait cru qu’un jour on marcherait sur la Lune, qu’un obscur système de communication militaire américain finirait par être l’alpha et l’oméga de l’économie moderne, connu sous le nom d’Internet ?
Néanmoins, même si selon le célèbre aphorisme de Pierre Dac « la prévision est difficile surtout lorsqu’elle concerne l’avenir », on peut prévoir la fin de l’ehpadocentrisme, c’est-à-dire ce système de prise en charge articulé autour de l’établissement au profit d’un système éclaté, coordonné, organisé autour de la personne. Ce n’est pas un hasard si les grands acteurs, privés comme publics, se diversifient et entrent dans les métiers qui sont en dehors de leur champ d’origine.
Un mouvement d’une telle ampleur se prépare. Et il faut avoir conscience que la création du risque « dépendance » n’est pas la fin de l’histoire mais au contraire son début. D’où l’intérêt des cogitations qui ont lieu en ce moment.