POUR RODOLPHE HASSELVANDER, C’ÉTAIT UNE ÉVIDENCE : un jour, nous aurons tous à la maison un robot du type R2D2, un des personnages emblématiques de Star Wars. De ses rêves de gamin entre science-fiction et Lego Technic, après un début de carrière dans la robotique – il a fondé et dirigé pendant dix ans le Centre de robotique intégrée d’Ile-de-France (Criif) –, cet ingénieur a créé Buddy (d’un mot anglais qui signifie « copain »). Décrit comme un robot-compagnon émotionnel, l’appareil est dédié en priorité aux personnes âgées. « J’ai vécu la perte d’autonomie de ma grand-mère, des parents qui peinaient à gérer la situation, raconte le PDG de la société Blue Frog Robotics. Face à cela, j’étais sûr qu’un robot pouvait simplifier le quotidien. » Pour que sa machine pénètre au mieux les foyers, Rodolphe Hasselvander a travaillé son acceptabilité. D’un point de vue esthétique, d’abord. Mobile grâce à ses deux roues motorisées, Buddy mesure 56 cm et pèse 7 kilos. Un format volontairement modeste. « S’il a une taille humaine, comme c’était le cas d’un deuxième robot qu’on avait imaginé, il est trop intrusif, pense son créateur. On a beaucoup travaillé sur le design pour faire en sorte qu’il soit mignon. »
Une acceptabilité pensée également d’un point de vue émotionnel. Dépourvu de bras, son corps est surmonté d’un écran tactile sur lequel prend forme son visage. C’est au moyen de ses deux yeux et de sa bouche, dessinés à grands traits, qu’il exprime toute une palette d’émotions. Il peut être furieux, grincheux, hilare ou affectueux, triste ou pensif : son humeur est réglée par des algorithmes et évolue selon le contexte. Il est ainsi capable d’apprendre de la personne et de créer un lien d’empathie avec elle. Une acceptabilité, enfin, du fait qu’il n’est pas stigmatisant. Destiné en premier lieu aux personnes âgées, il s’adresse en fait à toute la famille.
Grâce à une panoplie de capteurs, Buddy se repère dans l’environnement. Il voit, entend et parle. Ce qui lui confère un grand nombre de fonctionnalités. Affectueux, il ressent le toucher grâce à des capteurs de caresse. En matière de domotique, Buddy peut réaliser des tâches quotidiennes, comme le fait de fermer les volets de la maison. Il détecte les chutes, le manque d’activité ou la nécessité de s’hydrater. « Il est proactif, précise Rodolphe Hasselvander. S’il fait 35 °C en plein été, il rappellera à une personne âgée de boire. » Il renforce leur sécurité en offrant la possibilité aux aidants de surveiller à distance l’activité de leur proche. Une prise de contrôle que l’on peut paramétrer et qui, lorsqu’elle s’opère, prévient automatiquement la personne aidée. Communicant, Buddy assiste chacun dans l’organisation de son quotidien. Il sert ainsi d’agenda, de réveil, de pense-bête, peut mémoriser une liste de courses ou rappeler des rendez-vous importants. Il établit le contact vidéo avec ses proches ou avec les médecins, lit des messages envoyés aux membres de la famille. « Il facilite l’accès aux technologies des personnes âgées qui ne sont pas familiarisées avec les tablettes. Et sa présence renforce souvent le lien social avec les petits-enfants, qui trouvent plus attractifs de contrôler le robot pour prendre des nouvelles du grand-parent. »
Quel que soit leur niveau d’autonomie, Buddy s’adresse aux personnes âgées à domicile ainsi qu’en établissement. « Il n’a pas vocation à remplacer l’aidant ou le professionnel, tempère Rodolphe Hasselvander. Mais il leur permet de se concentrer sur des tâches humaines. » Soulager, diminuer la pénibilité au travail des aides à domicile : l’Union nationale de l’aide, des soins et des services à domicile (UNA) voit un intérêt réel à ce type de robot. Mais elle met en garde : « Le robot est intéressant pour alerter sur les chutes, sur la prise de médicaments. Mais l’humain est toujours prioritaire, notamment lorsqu’il s’agit d’accompagner des personnes avec des maladies lourdes ou invalidantes, qui font face à des souffrances psychiques et physiques importantes », considère Alain Proux-Delrouyre, administrateur. Et la question centrale de ce type d’équipements demeure celle du financement. Buddy devrait être vendu 1 500 €. Un tarif raisonnable au vu de la technologie déployée, mais déjà hors de portée de nombreuses personnes âgées, en l’absence de dispositifs de financement.
La société, qui espère vendre 1 500 robots en 2019, déploiera une version dédiée aux seniors au premier trimestre 2019, avant de cibler le grand public dans le courant de l’année. Son robot pourrait même rapidement assister des publics plus spécifiques, comme des enfants autistes. « Une entreprise partenaire nous accompagne pour faire des tests dans des centres spécialisés, explique Rodolphe Hasselvander. Il s’avère que ces enfants parviennent à se concentrer beaucoup plus avec le robot. »
APPLICATION. L’application « Accessibilité des personnes à mobilité réduite » centralise les informations réglementaires permettant la réalisation de l’accessibilité à la voirie et aux espaces publics, aux établissements recevant du public, à l’habitat collectif ou aux transports collectifs. Elle servira aussi bien les professionnels de la construction que les personnes concernées par l’accessibilité.
PLATEFORME COLLABORATIVE. Ideal Connaissances est un site Internet à destination des acteurs territoriaux qui vise l’échange des savoir-faire et la formation en ligne. Chaque acteur, en créant son profil, pourra échanger avec d’autres sur son domaine de compétence (aide sociale à l’enfance, économie sociale et solidaire…). Ce « réseau social » se complète d’un catalogue de formations à distance, composé de centaines de modules vidéo sur des thématiques précises.