Il nous semblait important et primordial que les centres de santé soient acteurs et puissent être porteurs de ce nouveau métier d’infirmier en pratique avancée. Nous sommes satisfaits par les textes puisque les centres de santé sont visés comme lieux d’exercice et lieux de stages au même titre que les maisons de santé pluriprofessionnelles. Il y a eu aussi des évolutions dans les textes et les soins primaires sont mis en avant.
Ce qui nous préoccupe, à présent, c’est la manière dont sera enseignée la pratique en soins primaires. Nous espérons être vraiment sur un enseignement adapté à la médecine de ville, à une prise en charge en ambulatoire, et qui ne soit pas trop orienté sur une médecine hospitalière. Tout va dépendre de la manière dont cela sera incarné. On regrette également que ce sujet sur la pratique avancée n’ait pas été une occasion de rebalayer le champ complet de compétences de l’infirmier diplômé d’Etat, dans un contexte de difficultés d’accès aux soins et de tensions à l’accès au médecin traitant sur certaines zones géographiques. Mais une première pierre a été posée. Il faut désormais laisser le temps au système de santé, très hospito-centré, très médico-centré, d’évoluer.
A faire de la gérontologie une spécialité, on risque de ne plus avoir une sensibilisation générale des professionnels de santé sur les spécificités de la prise en charge de la personne âgée. Or ce sont des fondamentaux que tout professionnel de santé devrait connaître, afin de ne pas en faire une « chasse réservée » pour certains. Avec le repérage, l’évaluation du contexte de vie de la personne, des différentes pathologies, des traitement pris, de la prévention, on a dans les textes de la pratique avancée cette préoccupation globale de la prise en charge de la personne, et notamment de la personne âgée. Il y a, selon moi, cette reconnaissance-là même s’il n’y a pas une filière propre gérontologique.
Les fonds de la formation professionnelle subissent un bouleversement sans précédent avec la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel ». Le congé individuel de formation va disparaître et on va avoir des plans de formation dont on ne connaît pas le niveau et qui risquent d’être relativement réduits. Pour les gestionnaires de centres de santé se posent les questions du financement des frais pédagogiques, de la rémunération de l’infirmière en formation et de son remplacement. Aujourd’hui, rien n’est prévu. Au-delà du bien-fondé de l’IPA en termes de réponse sur certains territoires à la tension à l’accès aux soins et au médecin traitant, la mise en œuvre de ce dispositif pose des interrogations. Nous avons de grosses incertitudes sur les montages et les niveaux financiers des plans de formation. Le risque est que, demain, les sessions de formation continue soient vides.
Après une expérience au ministère de la Santé, Aurore Rochette intègre la fédération Adessadomicile en tant que conseillère technique puis elle devient déléguée « santé et soins ». Responsable du pôle santé, elle représente la fédération auprès des pouvoirs publics et est membre de la commission permanente de la Conférence nationale de santé.