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La radicali­sation cartographiée

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L’ANTHROPOLOGUE DAVID PUAUD A PASSÉ PLUS DE DEUX ANS auprès d’acteurs sociaux confrontés au phénomène de la radicalisation. Son travail, dont il a tiré le livre Le spectre de la radicalisation, a porté sur 12 villes françaises et 48 situations de jeunes radicalisés ou en passe de l’être. « Il ne s’agit pas, comme nous l’entendons de manière régulière depuis une vingtaine d’années, de comprendre pour excuser », prévient le chercheur. Ce qu’il veut tenter de percer, c’est plutôt la « disponibilité biographique », autrement dit les conditions psychosociales, économiques, les convictions politiques et religieuses… conduisant une personne à se projeter dans une idéologie violente. Cette problématique l’a conduit à établir six typologies. La « radicalisation d’exclusion » est, selon l’anthropologue, la plus répandue. Elle touche des jeunes issus des zones prioritaires cumulant plusieurs handicaps : ruptures familiales, déscolarisation, délinquance précoce… Pour eux, se radicaliser est une manière d’exister dans la société. Deuxième cas, la « radicalisation psychologique » est souvent associée à un trouble mental. Selon les services de renseignement, environ 10 % des djihadistes détectés en 2015 en France étaient des psychotiques, et notamment des schizophrènes. La « radicalisation initiatique » concerne, quant à elle, surtout des jeunes de classes moyennes ou de milieu rural, sans problèmes particuliers, mais qui veulent vivre une expérience hors des sentiers battus et se retrouvent sous une emprise mentale sectaire dont ils ne peuvent pas s’extraire. Autre cas, la « radica­lisation méta­physique », ou la croyance en un idéal au-delà de la vie qui peut être consécutive à une pratique religieuse exacerbée, mais pas toujours. Cinquième type : la « radicalisation politique », qui se nourrit beaucoup des réseaux sociaux et peut virer, chez certains jeunes plus ou moins fragilisés, à l’obsession complotiste. Enfin, il y a la « radicalisation nihiliste », sorte de passage à l’acte exaltant l’idée de mourir en martyr. Toutes ces typologies peuvent se recouper mais, selon l’auteur, « le phénomène de radicalisation islamiste apparaît minoritaire ».

Notes

« Le spectre de la radicalisation : l’administration sociale en temps de menace terroriste » – David Puaud – Ed. Presses de l’EHESP, 22 €.

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