Mis en place en 1989, le service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger, plus communément appelé « 119 », est menacé. Est en cause la réduction décidée par l’Etat des subventions attribuées au Groupement d’intérêt public enfance en danger (Giped) dont il dépend. Résultat : sur un budget annuel de 3 millions d’euros, le Giped devrait perdre 450 000 € en 2019. Un déficit qui met en péril les missions de protection de l’enfance du dispositif et, particulièrement, du 119. « On est deux à prendre les appels la nuit, cette décision risque de conduire à la suppression d’un écoutant et va nous obliger à demander aux personnes qui nous contactent de rappeler le lendemain, s’inquiète Céline Redon, écoutante. Mais quand on est dans l’urgence, on ne rappelle pas le lendemain. C’est déjà un énorme effort de nous interpeller. Sans compter les jeunes qui sont dans les DOM-TOM et qui, avec le décalage horaire, ne peuvent pas nous contacter dans la journée. » En outre, la nuit est souvent le seul moment où les enfants peuvent téléphoner de leur chambre. « Ils profitent que leurs parents dorment pour nous signaler qu’ils sont victimes de violences, qu’ils vont fuguer, qu’ils sont mis à la porte de chez eux, que leurs parents sont en crise… C’est plus facile de passer par nous que par la police ou les pompiers », explique l’écoutante. Le 119 reçoit environ 1 000 appels par jour, dont une centaine sont traités par six écoutants. « Un appel vers un service de première urgence est passé tous les deux jours pour des situations de danger grave ou imminent sur un enfant », indique le communiqué de l’intersyndicale du Giped. Une pétition – « Pas touche au 119 ! »(1) – a été lancée par Jean-Pierre Rosenczveig, ex-président du tribunal pour enfants de Bobigny.
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