LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DES CENTRES RESSOURCES pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles (FFCRIAVS) avait organisé, le 17 juin, une audition publique sur la prévention, l’évaluation et la prise en charge des auteurs de violences sexuelles. Sous le patronage d’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, et avec le soutien de la Haute Autorité de santé (HAS), de multiples associations spécialisées et structures publiques ont contribué à l’élaboration du rapport de la commission d’audition (1) pour renforcer la lutte contre les violences sexuelles. Si les violences sexuelles représentent 12 000 condamnations chaque année, ledit rapport précise que ce chiffre reste très en deçà du nombre de victimes estimées (777 000, selon une étude de 2017). Pour inverser la tendance, il n’est pas avare de propositions visant à améliorer la prévention, l’évaluation et la prise en charge des auteurs de ces violences.
Psychiatre et président de la FFCRIAVS, Mathieu Lacambre explique qu’il ne s’agit « pas d’excuser » ces actes mais de « travailler sur leur sens » pour agir « à la source ».
Il est notamment proposé :
• de renforcer le cadre d’intervention en introduisant des éléments dans la formation générale et continue des professionnels de santé et des psychologues, qui n’ont pas toujours les outils nécessaires pour traiter efficacement ce type de déviance ;
• de faire bénéficier d’une prévention spécifique les enfants de moins de 12 ans se livrant à des comportements sexuels problématiques en y associant parents ou adultes chargés de l’éducation ;
• de mettre l’accent sur le développement des personnes en situation de handicap, en tenant compte de leur santé sexuelle ;
• de sensibiliser pendant le primaire et le secondaire à la sexualité, à la prévention des violences… ;
• d’élaborer des programmes de prévention spécifiques pour certains publics (personnes âgées, migrants, LGBT) ;
• de remplacer les termes de « castration chimique » (qui n’est pas une castration réelle) pour les remplacer par des termes non stigmatisants, comme « traitement antihormonal » ;
• de développer l’expérience de réseaux d’écoute pour proposer un numéro d’appel unique au niveau national ;
• d’évaluer la faisabilité et la pertinence des dispositifs de justice restaurative (qui vise à instaurer un dialogue entre auteur et victime) et leur éventuelle application à la prise en charge des auteurs ;
• de développer au sein des réseaux de protection maternelle et infantile des consultations de soutien à la parentalité auprès des familles affectées par les problématiques de violence sexuelle, afin d’en prévenir les effets à long terme ;
• de conduire des recherches sur les dispositifs de rencontre auteurs-victimes afin d’en mesurer la pertinence et, en fonction, d’en organiser le déploiement ;
• de renforcer l’accompagnement social et socioéducatif dans le cadre de la prise en charge par les auxiliaires de vie sociale.