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Pas d’ambition pour l’insertion

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Nicole Belloubet, ministre de la Justice, a présenté son plan « prison » le 12 septembre. Magistrats et travailleurs sociaux notent l’absence de mesures fortes en faveur de l’insertion et de l’accompagnement en milieu carcéral, avec un manque de visées concrètes.

LE PLAN « PRISON » PRÉVOIT LA CRÉATION DE 2 000 PLACES en structures d’accompagnement vers la sortie (SAS), structures dédiées à l’accueil d’« intervenants extérieurs pour préparer de manière active la sortie ». « Cela existe déjà : ce sont les quartiers pour peines aménagées [QPA], on ne voit pas la différence », juge Juliane Pinsard, secrétaire nationale du Syndicat national de la magistrature. Il fut question, sous le ministère de Jean-Jacques Urvoas, de quartiers de préparation à la sortie [QPS]. « A chaque plan, une nouvelle dénomination », résume Marie Crétenot, responsable plaidoyer de l’Observatoire international des prisons (OIP). La nouveauté tient en ce que ces SAS se situeraient dans les villes, non plus en périphérie comme annexes des centres pénitentiaires. Juliane Pinsard considère qu’« on devrait mettre l’accent sur les placements en extérieur ou la liberté conditionnelle : il y a pour le coup un vrai accompagnement social, des structures d’hébergement… Les SAS, comme les QPS ou les QPA, restent un régime particulier de détention. »

En faveur du travail social, Nicole Belloubet propose l’emploi de 1 500 personnes d’ici 2022 dans les services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP). « C’est une bonne nouvelle », reconnaît Julien Magnier, élu national de la CGT Insertion et probation. Mais il critique la visée générale du plan, avec la création de 7 000 places de prison : « Les recrutements dépendent de la politique d’incarcération. Plus on condamne, plus il y a de personnes à suivre ! » Aujourd’hui, Julien Magnier estime qu’un conseiller d’insertion gère les dossiers de 90 à 100 personnes, là où les recommandations européennes évoquent un maximum de 50. « Le travail social-éducatif est en régression : il devrait être au cœur de la politique carcérale, au lieu de la création de places de prison à tout-va », déplore-t-il.

« Pas à la hauteur de l’urgence »

Le plan prévoit également le lancement, en octobre, d’une agence du travail d’intérêt général et du travail en détention. Cette agence était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron, mais avait été « pensée pour le travail d’intérêt général », rappelle Marie Crétenot de l’OIP. « Or, d’un coup, on annonce que lui sera accolé le travail pénitentiaire ! Cela n’a jamais été évoqué, et n’a pas été réfléchi ! » De quoi ajouter de la confusion entre deux formes de travail qui n’ont « ni les mêmes cibles, ni les mêmes problématiques », assure-t-elle. Sans compter que rapprocher le travail en détention de celui d’intérêt général, issu d’une condamnation, « réinscrit le travail en prison dans la peine, au lieu de le dissocier du statut de détenu ». L’OIP qualifie les annonces du plan de « creuses, floues, parcellaires et surtout, pas à la hauteur de l’urgence ». L’accent est mis sur le volet sécuritaire, doté d’objectifs et de budgets précis. Pour l’insertion, il est parfois difficile d’y voir clair. La formation professionnelle est par exemple résumée à un « travail mené avec les régions pour mettre en œuvre des objectifs partagés avec un effort d’investissement de l’Etat », sans plus de détails.

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