Les récents mouvements sociaux ont mis en évidence les insuffisances du modèle français en matière d’aide aux personnes âgées. Tous ont notamment pointé du doigt les conditions dans lesquelles nos aînés sont trop peu considérés et accompagnés. Le premier congrès des âgés et du vieillissement, qui a eu lieu les 6 et 7 septembre à Paris, a, entre autres, été l’occasion de revenir sur ces grèves, et plus particulièrement la plus médiatique d’entre elles : celle de l’Ehpad Les Opalines, à Foucherans (Jura).
En effet, parmi les intervenants du débat intitulé « Enjeux et perspectives du mouvement de l’aide aux personnes âgées », il y avait Anne-Sophie Pelletier, aide médico-psychologique, déléguée CGT et l’une des principales figures de ce mouvement qui a duré 117 jours (du 3 avril au 28 juillet 2017). « L’une des conséquences positives de notre lutte est qu’elle a permis, enfin, la prise de conscience de la prise en charge, la prise en soins de nos aînés dans les Ehpad », indique-t-elle avant de rappeler que cette grève, qui restera comme l’une des plus longues de l’histoire des conflits sociaux en France, avait été « comme un détonateur, un déclencheur » dans le secteur. En effet, suite au conflit de Foucherans, d’autres établissements s’étaient mis en grève, ce qui avait débouché sur les manifestations des 30 janvier et 15 mars. Pourtant, comme le souligne Anne-Sophie Pelletier, « ce n’est pas culturel de se mettre en grève quand on est soignant ».
Mais un peu plus d’un an après, qu’en est-il ? Les choses ont-elles changé à l’Ehpad Les Opalines ? « Sur le papier, on a obtenu deux postes supplémentaires d’aide-soignante, reconnaît la déléguée CGT. Il s’agissait de deux personnes qui étaient dans une démarche de validation des acquis de l’expérience. On pensait donc qu’elles allaient rester. Mais ça n’a pas été le cas. » « Pourtant, d’une certaine manière, cette grève est victorieuse. En effet, cela fait un an que je continue à faire la tournée des médias pour parler de la situation de nos aînés, se félicite-t-elle. Et ceux-ci ont pris conscience de ce qu’il se passe dans les Ehpad. Il faut donc continuer, car plus on continuera à parler des personnes âgées, plus on arrivera à faire bouger les choses. »
Romain Gizolme, directeur de l’Association des directeurs aux services des personnes âgées (AD-PA), co-organisateur de l’événement, ne dit pas autre chose : « Concrètement, les 117 jours de grève à Foucherans ont été un moment historique, car cela a notamment permis une prise de conscience générale. Toutes les organisations syndicales mais aussi des organisations de directeurs, de médecins, de familles, de personnes âgées se sont mobilisées. L’apport essentiel est là. » Et de conclure : « Nous avons clairement pesé sur le changement de regard de la société. Nous avons eu raison de porter l’ensemble des aspirations et des attentes qui sont les nôtres. Là est le changement fondamental ! »
Le 28 juillet 2017, la grève d’une partie du personnel de l’Ehpad de Foucherans prenait fin, après 117 jours de lutte. Les grévistes avaient obtenu la création de deux postes de soignant supplémentaires ainsi que la mise en place d’un « observatoire du bien-être des salariés » au sein de leur établissement.