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Les seniors ont le blues

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Deux regards sur le « bien veillir » en Europe : confiance en l’avenir au Nord et esprit de famille au Sud

Crédit photo Maïa Courtois
Une enquête Ipsos pour la Fondation Korian révèle que le sentiment de bien vivre son âge est en baisse pour les plus de 65 ans. Ce baromètre compare les données françaises sur l’image que les seniors ont d’eux-mêmes avec celles d’Italie, d’Allemagne et de Belgique.

EN FRANCE, 69 % DES PLUS DE 65 ANS déclarent bien vivre leur âge, selon la dernière enquête Ipsos pour la Fondation Korian(1). Ce baromètre, dont c’est la troisième édition, constate que le moral de nos aînés est en baisse. Ils étaient 84 % en 2014 à déclarer bien vivre leur âge, contre 76 % en 2016 et 69 % en 2018.

La satisfaction des seniors dans les pays européens reste tout de même majoritaire, d’après l’échantillon de plus de 4 000 personnes d’au moins 65 ans interrogées. « Le sentiment de bien vieillir est dominant en Europe, sur ce continent qui prend de l’âge », met en avant Serge Guérin, sociologue et membre du comité scientifique de la Fondation Korian. 74 % des seniors affirment vivre bien leur âge en Allemagne, en Belgique, en Italie et en France. Ils étaient 87 % en 2014. Partout, la tendance est à l’érosion. Ces pays de la “Vieille Europe” (choisis pour l’enquête en raison de la présence du groupe Korian sur leur sol) représentent à eux quatre la moitié de la population âgée du continent. « Le sentiment de bien vieillir diminue plus fortement en France que dans les autres pays européens », relève Serge Guérin. Notre pays est en dessous de ses voisins : l’Allemagne, la Belgique et l’Italie affichent tous un sentiment de bien vivre son âge entre 73 % et 81 %.

« Estimez-vous heureux ! »

Comment expliquer la montée du sentiment de dépréciation en France ? « Il y a, d’une part, un discours normatif ancien : celui d’une société âgiste, qui valorise la jeunesse et le “nouveau monde”. Les personnes âgées le ressentent, souligne Serge Guérin. D’autre part, il y a un discours politique récent : la baisse des revenus des retraités est associée à un discours violent, du type : “Estimez-vous heureux ! Vous êtes des privilégiés”… »

S’ajoutent les problématiques liées au pouvoir d’achat pesant sur les personnes âgées. « En France, il y a un effet d’inquiétude : comment vais-je financer ma perte d’autonomie ? », commente Serge Guérin. Seuls 1 % des seniors français déclarent arriver à mettre « beaucoup » d’argent de côté, contre 8 % en Allemagne, où les personnes âgées portent un regard plus optimiste sur l’économie de leur pays.

Entre pays européens du Nord et du Sud, la façon dont nos aînés se sentent considérés dans la société est très différenciée. En Allemagne et en Belgique, 95 % et 97 % d’entre eux se sentent « citoyens à part entière ». « Dans ces pays, c’est un non-problème », juge Serge Guérin. En revanche, en France comme en Italie, ce seuil baisse à 84 % : un écart que le sociologue qualifie d’« extrêmement important », où se nouent facteurs culturels, politiques et économiques. Conséquence de ces différentes perceptions de l’économie et de l’inclusion : les seniors des pays du Nord se disent plus confiants en l’avenir (66 % en Allemagne, 62 % en Belgique) que leurs voisins du Sud (46 % en France, 40 % en Italie).

Notant une « très grande hétérogénéité de la vie des seniors dans les différents pays de l’Union européenne », la Fondation Korian résume ainsi son baromètre : « Des seniors toujours épanouis et satisfaits, mais des inégalités qui se creusent. » Reste que, tous pays confondus, la première des inégalités subsiste : celle entre les hommes et les femmes. 80 % des hommes de plus de 65 ans assurent bien vivre leur âge, contre 71 % des femmes. « C’est un des enseignements de notre baromètre qui m’a surprise, soulève Sophie Boissard, directrice générale du groupe Korian. Je suis très frappée par cette problématique des femmes âgées. Pourtant, elle n’est pas du tout prise en compte dans le débat public. »

L’inégalité des genres

L’écart se creuse encore davantage pour la tranche des plus de 80 ans. Les hommes sont toujours 80 % à considérer bien vivre leur âge, mais la part de femmes tenant cette affirmation chute alors à 57 %. « Les femmes mènent plus souvent un rôle d’accompagnement, d’aidantes », pointe Serge Guérin. Une tâche lourde, d’autant que, « entre les retraites des hommes et celles des femmes, les revenus sont plus faibles, ce qui peut nuire à la vie comme source de plaisir ». Les femmes font aussi davantage face à la solitude, due en partie au veuvage. « Enfin, peut-être que la question du rapport au physique a plus d’impact sur les femmes que sur les hommes », ajoute le sociologue. Des questions de genre qui auraient leur place à trouver dans les discussions à venir autour de la loi sur le financement de la dépendance.

Le grand âge connecté

La génération des seniors actuelle s’approprie Internet pour renforcer son autonomie, mais aussi son sentiment d’utilité. La moitié des personnes âgées interrogées par Ipsos pour la Fondation Korian utilisent les réseaux sociaux ; deux sur trois communiquent par mail au moins une fois par semaine et utilisent Internet pour gérer leurs finances. Sur une échelle de 0 à 10 évaluant le sentiment d’utilité que leur procurent certaines activités, nos aînés octroient à l’utilisation d’Internet la note de 7. Loin devant le fait de s’impliquer dans la vie de quartier, d’être bénévole dans une association ou même d’aider financièrement ses proches…

Notes

(1) Créée en septembre 2017, la Fondation Korian pour le bien-vieillir regroupe des scientifiques, des partenaires publics et privés ainsi que des résidents.

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