Dans le jargon journalistique, un marronnier est un sujet qui revient avec une régularité de métronome dans l’actualité, et il faut bien reconnaître que son fruit alimente beaucoup les médias entre les cadeaux de Noël, les grandes vacances, le passage à l’heure d’hiver… Les exemples abondent.
La rentrée est un des plus importants marronniers de l’année. Depuis quelques jours, les journaux s’agitent autour de cette rentrée dont ils disent, comme tous les ans, qu’elle sera délicate sur les plans économique et social à cause du chômage qui ne diminue pas assez vite et de la croissance qui ralentit. Avec la démission de Nicolas Hulot, les médias ont pu ajouter une proie à leur tableau de chasse : le clash politique.
On peut ironiser sur ce rituel de la rentrée. Néanmoins, en cette période particulière de l’année, il n’est pas inutile de s’interroger sur ce qui attend le secteur social et médico-social.
La saison 2017-2018 – pour employer un référentiel de temps désormais reconnu – a été à la fois difficile, avec notamment la crise des EHPAD et des réponses jugées insuffisantes, et ouverte, avec des annonces de plans et autres feuilles de route sur le handicap et l’autisme. Reste à savoir ce qu’il adviendra de ces annonces. 2018-2019 a toutes les chances d’être une période d’expectative et de grande effervescence.
En septembre, on attend l’annonce plusieurs fois reportée du plan pauvreté. Ensuite, devrait venir la réforme des prestations sociales qui seront peut-être fondues dans une aide sociale unique, avec le risque de faire beaucoup de perdants. Comme tous les ans, le PLFSS est attendu avec impatience et inquiétude par les acteurs sociaux, qui se demande à quel arbitrage – pour ne pas dire à quelle sauce – ils seront mangés.
Mais le grand rendez-vous de cette saison sera le débat sur l’instauration du risque dépendance. Le président Macron a promis une vraie concertation et une écoute des professionnels. Cependant, certains redoutent que cette réforme soit concoctée dans le secret des cabinets ministériels, voire de l’Elysée.
Oublions les procès d’intention et essayons de retenir les enjeux fondamentaux de cette réforme. L’objectif de ce 5e risque n’est pas une affaire comptable. Il ne s’agit pas de créer une cotisation ou un impôt et de l’attribuer à des bénéficiaires. C’est un enjeu systémique qui consiste à organiser ou plutôt à réorganiser la prise en charge des personnes âgées dépendantes, dont le nombre va exploser au cours des prochaines années. Les besoins sont considérables et les réponses doivent être diversifiées et adaptées aux situations très différentes des personnes âgées.
Entre le domicile et l’établissement, il y a toute une gamme de services et de parcours à mettre en place. Mais, surtout parce qu’il s’agit d’accompagnement et de relationnel, il s’agit de créer une véritable filière de la prise en charge.
Si l’investissement que la société va faire avec la création de ce risque doit avoir un sens, c’est dans la valorisation des métiers et du savoir-faire. En d’autres termes, les métiers de la dépendance doivent être attractifs en termes salariaux, de contenus et de carrière.
Le vieillissement de la population peut être regardé comme une malédiction, mais aussi comme une opportunité, celle de faire converger l’utilité sociale et l’efficacité économique… En même temps, comme dirait… qui, au fait ?