Le grand public connaît mal les troubles mentaux et entretient à ce sujet des idées préconçues. Ainsi, alors qu’il existe des premiers gestes physiques à réaliser sur une personne blessée avant l’arrivée des secours professionnels, gestes généralement identifiés par le grand public, ce dernier ignore qu’il existe également des « premiers secours en santé mentale » (PSSM) à prodiguer en attendant que la crise soit passée ou qu’une prise en charge adaptée ne soit trouvée. C’est pour mettre fin à cette méconnaissance que l’Unafam (Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques), Santé mentale France et l’organisme de formation Infipp (coopérative de formateurs) ont créé, le 20 juin dernier, l’association loi 1901 Premiers secours en santé mentale France (PSSM France). Une initiative qui fait partie de la feuille de route « santé mentale et psychiatrie » d’Agnès Buzyn, ministre de la Santé (action n° 4).
« Né en Australie en 2001, le programme PSSM vise à apprendre aux citoyens comment se comporter face aux premières manifestations de troubles psychiques. Cela veut dire repérer des signes d’isolement, des réactions inadaptées, des personnes qui se mettent en retrait ou d’autres qui ont des crises incontrôlables, explique Jacques Marescaux, président de Santé mentale France et de PSSM France. La formation permettra aussi d’être capable d’avoir un comportement adapté avec ces personnes. C’est-à-dire d’être dans l’écoute, dans l’empathie, dans la bienveillance et non dans l’agressivité ou autre. »
Jacques Marescaux complète : « Enfin, cette formation permettra de connaître suffisamment le système de soins et d’accompagnement et de bien orienter la personne vers la ressource adéquate pour se soigner. En quelque sorte, l’idée des PSSM est d’avoir un peu partout sur le territoire des secouristes en santé mentale. » Concrètement, à partir de 2019, cette structure dispensera des formations de ce programme enseigné déjà dans une vingtaine de pays dans le monde, dont le Royaume-Uni, le Danemark, la Finlande et prochainement l’Allemagne et la Suisse.
Ainsi, dans les mois ou années à venir, votre employeur pourra vous proposer, parallèlement à la formation aux gestes qui sauvent, une formation aux PSSM. « Celle-ci devrait durer deux jours et s’articuler autour de plusieurs troubles : l’anxiété, la dépression, la psychose, les addictions, la crise panique et les situations de violence », détaille encore Jacques Marescaux. Pour l’heure, 16 instructeurs ont déjà été formés à Lyon pendant cinq jours, du 9 au 13 juillet derniers. Par la suite, ceux-ci sont appelés à former les premiers formateurs, qui, à leur tour, formeront « prioritairement », dans quatre territoires pilotes, les étudiants – selon les souhaits émis en mars dernier par le comité interministériel pour la santé. Car, comme l’indique la feuille de route, « la population étudiante, exposée à de nombreux stress, est la tranche d’âge où les troubles psychiatriques graves doivent être repérés le plus précocement possible ».