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Une crèche pas comme les autres

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Pour les enfants en situation de handicap et les parents laissés sans solution, un dispositif innovant existe depuis une vingtaine d’années à Meyzieu, dans la banlieue lyonnaise : La Passerelle du Sourire, une halte-garderie un peu particulière.

« Permettre aux parents, notamment aux mères de famille, de bénéficier de quelques heures libres pour faire des démarches administratives, des courses, s’occuper de leurs éventuels autres enfants ou prendre tout simplement un peu de temps et se poser. » Voici, résumé en quelques mots, l’objectif de La Passerelle du Sourire, située à Meyzieu, dans la région lyonnaise. « Il s’agit d’une halte-garderie un peu particulière née en 2000 à l’initiative d’une mère de famille, Chantal Dangre, explique Jessica Voyer, directrice de l’Action associative Adapei 69 qui gère le dispositif. Quand elle est arrivée dans la région lyonnaise, comme partout en France, elle s’est retrouvée confrontée au manque de solutions d’accueil pour les enfants en situation de handicap. Elle a donc motivé deux ou trois mères de famille pour accueillir une demi-journée ou à la journée ces enfants sans solution. »

Très rapidement Chantal Dangre a eu des soutiens associatifs et financiers qui ont permis de mieux structurer cette halte-garderie. Par exemple, La Passerelle du Sourire bénéficie désormais de locaux prêtés gracieusement par la ville de Meyzieu et a récemment obtenu le statut « équipement d’accueil du jeune enfant » (EAJE) de la caisse d’allocations familiales. « A l’origine, nous n’étions qu’une initiative de mamans parmi d’autres, désormais nous sommes un dispositif avec une quinzaine de bénévoles et deux éducateurs spécialisés », se félicite Jessica Voyer.

Un service à la carte

« Comme nous ne sommes pas considérés comme un établissement médico-social en tant que tel, que nous n’avons pas d’orientation MDPH, nous avons l’avantage d’être très souple, poursuit-elle. Ainsi, nous pouvons accueillir très rapidement (en quinze jours, trois semaines) des enfants sans solution. » Concrètement, deux jours par semaine, le lundi et le mercredi, de 9 h 00 à 16 h 30, La Passerelle du Sourire, via des bénévoles et des éducateurs spécialisés (un le lundi, deux le mercredi), accueille jusqu’à huit enfants de 3 à 12 ans, avec tout type de handicap.

« Les enfants accueillis n’ont pas de prise en charge, ou alors très peu (une demi-journée dans la semaine à l’école), et sont en attente d’un accompagnement dans le secteur médico-social. Certains viennent une demi-journée, d’autres les deux jours complets, c’est à la carte. Nous essayons de vraiment nous adapter aux besoins de l’enfant et aux besoins des parents », confie Jessica Voyer. « Nous ne sommes pas un établissement médico-social, donc nous ne faisons pas de l’éducatif en tant que tel, poursuit-elle. Nous sommes dans l’accompagnement de l’enfant au quotidien, l’éveil de l’enfant. Cela passe par des sorties à la ludothèque, à la ferme, à la piscine… L’objectif est vraiment de considérer ces enfants comme n’importe quels autres enfants. »

« C’est aux associations locales d’innover »

Pour Jessica Voyer, alors que la « Réponse accompagnée pour tous » est généralisée depuis le 1er janvier 2018, « c’est aux associations locales de se moderniser, d’innover, de trouver des solutions innovantes, comme c’est le cas avec La Passerelle du Sourire. Je pense que, en tant qu’acteurs locaux, nous avons cette capacité de le faire, de porter un certain nombre de choses qui n’existent pas aujourd’hui. Il y a encore énormément de personnes sans solution et c’est aux acteurs associatifs et locaux de se mobiliser pour tenter de trouver des réponses innovantes. »

« En 2018, ce n’est pas normal que des parents se retrouvent sans solution d’accompagnement pour leur enfant lors d’une rentrée scolaire, déplore-t-elle encore. La scolarisation est censée être obligatoire, mais pour certains parents c’est un véritable parcours du combattant. » Et de conclure, fataliste : « Avant la loi de 2005, les parents se battaient pour les droits de leur enfant en situation de handicap. Depuis 2005, ils se battent pour les faire appliquer. »

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