Ce fut, au sens le plus tragique du terme, un été meurtrier. En 2003, une terrible canicule a provoqué la mort prématurée de près de 15 000 personnes âgées, selon des évaluations officielles établies après coup.
Ecrasée par la chaleur – mais n’est-ce pas normal en été ? –, la France en vacance ne voit rien, pas plus les autorités publiques qui sont dans un total déni de la réalité.
Quinze ans après – alors qu’une chaleur intense mais non caniculaire enveloppe le pays –, les ASH reviennent sur cet événement (page 16) pour savoir si les leçons de cette catastrophe humanitaire ont été tirées et si – là est l’essentiel – les moyens d’éviter le renouvellement d’un tel drame ont été pris.
La réponse apparaît balancée.
Le côté positif est que cet épisode a provoqué deux prises de conscience fortes.
D’abord, le réchauffement climatique avec toutes ses conséquences est acté comme une réalité. Les climatosceptiques – qui tenaient le haut du pavé médiatique – sont réduits au silence.
Ensuite, le vieillissement de la population, qui était ignoré, est désormais perçu pour ce qu’il est, c’est-à-dire un fait de société et un tsunami en formation. Le fameux jour de solidarité et la CNSA sont nés de cette tragédie et le risque « dépendance » en sera la conséquence si le président Macron tient son engagement en 2019.
Mais les côtés négatifs pèsent lourd. Certes, des mesures importantes ont été prises comme la climatisation des EHPAD, les plans « canicule », la prévention portée aux personnes âgées… Cependant, de l’avis des spécialistes rencontrés, le compte n’y est pas sur un point crucial.
La canicule de 2003 a révélé un fait, plus ou moins volontairement ignoré : la solitude dans les grandes villes qui touche particulièrement les personnes âgées. Comme le note un de nos experts, le cœur du sujet est l’isolement social des personnes âgées. La stratégie du maintien à domicile ne doit pas être engagée pour des raisons d’économies mais avec un objectif d’accompagnement et d’encadrement fort et permanent.
Tous ces éléments ne permettent pas de répondre de manière tranchée sur la répétition ou l’évitement du drame si une nouvelle canicule frappait le pays.
Reste la question de savoir pourquoi il faut toujours attendre une tragédie pour que des réponses à une situation explosive se produisent. Les exemples sont nombreux. Il a fallu les attentats contre le Bataclan et les terrasses pour réorganiser les services de lutte contre le terrorisme, renforcer leurs moyens et adapter le cadre juridique, ce que les experts demandaient depuis longtemps. Les Américains ont fait la même chose… après le 11 septembre 2001.
La réponse est qu’entre des politiques qui ne pensent qu’à leur réélection et une société médiatique, accroc à l’immédiateté des réseaux sociaux, la procrastination a de beaux jours devant elle.
Mais l’histoire a montré que la vengeance de l’autruche – dont cette politique d’enfouissement de la réalité tire son nom – est toujours terrible.
Il me reste – au nom de toutes les équipes des Actualités sociales hebdomadaires – à souhaiter bonnes vacances à nos lecteurs, à vous donc. Votre magazine interrompt sa parution pour quelques semaines. Il reviendra le vendredi 24 août dans vos boîtes à lettres pour une nouvelle année qui sera marquée par une nouvelle phase de son histoire…