Les plans « bleus », les plans « canicule » se sont bien diffusés dans le réseau d’intervention auprès des personnes âgées. Le problème qui reste aujourd’hui est celui des personnes âgées totalement isolées qui passent encore entre les mailles du filet. Le processus de signalement des personnes isolées mis en place à l’occasion du plan « canicule », avec une responsabilisation des centres communaux d’action sociale, repose sur un système déclaratif. On serait tenté de penser qu’il faut un système qui permette d’identifier par un tiers les personnes isolées. Mais sur le plan légal et constitutionnel, on ne peut pas faire de déclaration « pour le compte de ».
L’isolement social est généralement le point de départ de situations à risque, de situations complexes. Les personnes âgées vont être orientées vers les services d’urgence des hôpitaux car on les aura trouvées dans des situations de détresse très importantes. Dans ces déserts médicaux, on va orienter plus facilement les personnes âgées vers les hôpitaux, ce qui risque de créer une embolisation des services d’urgence et donc des situations aussi dramatiques que celles que l’on a connues en 2003. On sait que l’hôpital n’est pas le bon lieu de la prise en charge des personnes âgées, sauf en cas de situations particulières.
Tous les épisodes caniculaires ne font qu’exacerber des problèmes clairement identifiés, connus de tous et qu’il faut maintenant régler si on ne veut pas revivre la situation de 2003.
L’association compte 320 équipes de bénévoles, même s’il reste encore des « zones blanches ». Notre objectif est que la période estivale ne soit pas une période entre parenthèses mais qu’au contraire le repérage des situations à risque soit renforcé. Les équipes restent en éveil sur les situations nouvelles et veillent à ce que les personnes que nous suivons régulièrement puissent bénéficier d’un accompagnement renforcé notamment en cas de canicule.
Nous dénonçons de longue date l’insuffisance de l’offre en hébergement temporaire dans les établissements. Mais cela est le résultat d’une attitude délibérée des pouvoirs publics qui n’ont rien fait pour développer ce type de formule. Les Petits frères des pauvres ont joué un rôle précurseur en matière de formules d’hébergement temporaire, notamment en période estivale. Force est de constater que cela a été très peu repris par les pouvoirs publics qui ont préféré s’exonérer de la question en ouvrant quelques places en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Rien n’a été fait pour adapter la tarification de l’hébergement temporaire, ce qui crée une impasse financière pour les personnes âgées et leurs familles. Nous plaidons pour qu’il y ait des structures spécifiques dédiées à l’hébergement temporaire.
Pour les services d’aide à domicile qui sont également concernés par les plans « bleus », l’été est une période de grande fragilité, de stabilisation du fait de la difficulté à remplacer les aides à domicile pendant leurs congés.
L’isolement social, révélé par les très nombreux décès de personnes âgées lors de la canicule de 2003, devrait préoccuper davantage le ministère des Solidarités et de la Santé. Si on en juge par les difficultés que rencontre le programme Monalisa (Mobilisation nationale contre l’isolement social des âgés) pour pérenniser ses financements en termes de démarche nationale ou même de reconnaissance tout court, ce n’est pas le cas. A l’exception de financements pour la formation et le soutien des bénévoles qui contribuent au maintien du lien social des personnes âgées, la loi d’adaptation de la société au vieillissement ne traite pas de l’isolement social. Et pourtant, cette question figurait dans le rapport d’orientation préalable à la loi. Les associations du secteur ont beaucoup de mal à nouer le dialogue avec la ministre ou avec ses collaborateurs, c’est du jamais vu.