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Une école vraiment inclusive pour demain ?

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Sophie Cluzel et Jean-Michel Blanquer ont, conjointement, le mercredi 18 juillet, fait une série d’annonces en faveur de l’inclusion des élèves handicapés en milieu scolaire. Au programme, l’approfondissement de la collaboration avec le secteur médico-social, le renforcement de l’accompagnement et la création d’unités spécialisées.

Le gouvernement prépare sa rentrée. Le ministre de l’Education nationale et la secrétaire d’Etat aux personnes handicapées ont, mercredi 18 juillet, dévoilé leur programme pour renforcer l’école inclusive. Avec comme objectif affiché un changement de paradigme. « Il faut faire évoluer le modèle alors que le nombre de bénéficiaires augmente et que l’aide individuelle reste majoritaire à 57 % », introduit Jean-Michel Blanquer.

« Pour la première fois depuis dix ans, le nombre d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) dépasse le nombre d’emplois aidés, qui sont préférables car plus robustes. Ils sont mieux recrutés, ce qui évite l’abandon de poste en milieu d’année qu’on peut connaître avec les contrats aidés. » 10 900 postes ont déjà été attribués en prévision de la prochaine rentrée. Ces derniers s’ajoutent aux 8 026 qui avaient été créés à la rentrée 2017.

Mieux recruté ne veut cependant pas dire mieux formé, comme le rappelle une mère d’enfant atteint de déficiences intellectuelles : le temps de formation de ces auxiliaires de vie scolaire n’est que de 60 heures, et celle-ci ne doit pas avoir eu obligatoirement lieu avant la prise de poste. Pour améliorer cette aide, des pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL) vont être expérimentés dans chaque académie. Ils ont pour vocation de coordonner les moyens d’accompagnement dans une organisation plus globale des aides humaines, pédagogiques, éducatives et thérapeutiques.

« Nous proposons plus d’offres de formation », poursuit le ministre. « Aux 40 unités localisées pour l’inclusion scolaire (ULIS) créées pendant l’année, 38 vont s’ajouter à la rentrée. » Le nombre d’unités d’enseignement externalisées (UEE) devrait également être doublé d’ici à 2020. « Nous allons renforcer la formation des enseignants, avec la mise en place d’une plateforme numérique nationale permettant d’accéder facilement aux adaptations scolaires. Tous les élèves doivent pouvoir suivre une scolarité normale avec la personnalisation des pédagogies, même si les professeurs ne doivent pas avoir le sentiment que l’institution s’est déchargée sur eux. »

Sophie Cluzel rappelle au passage l’une des ambitions du quinquennat en la matière, à savoir le déplacement du « centre de gravité du médico-social des murs de l’établissement aux murs de l’école. Il faut une scolarisation à plein temps des enfants autistes pour stopper l’usure sociale des familles. Un système éducatif qui garantit la continuité des parcours. »

« L’objectif est de liquider l’existant »

Danièle Langloys, présidente d’Autisme France, ne décolère pas après l’écoute de ces annonces. « L’école inclusive suppose de pouvoir identifier les besoins de chaque enfant qui tiennent au handicap dont ils sont porteurs et d’y répondre. On voit que l’objectif est de liquider l’existant car trop coûteux, ce qui est proposé de manière explicite avec ces “pôles de ressources” destinés à former les enseignants pour qu’ils accompagnent les enfants en classe. Le rapport sur l’évaluation de l’aide humaine reconnaît que le métier d’AESH n’est pas attractif et qu’il est difficile d’effectuer les recrutements nécessaires, et insiste donc sur le fait que l’accompagnement individuel n’est pas la bonne méthode. La formation proposée aux enseignants peut fonctionner sur des élèves avec des troubles moteurs ou sensoriels, qui ont besoin d’une aide technique. Mais pour ceux qui ont des troubles cognitifs, on ne peut penser le problème de la même manière. » Avant de conclure, amère : « La scolarité inclusive est pensée avec beaucoup de retard sur d’autres pays, dont certains mettent deux enseignants dans une classe qui accueille des handicapés, un ordinaire, un spécialisé. On y adjoint parfois une équipe spécialisée en interne, avec un orthophoniste, un ergothérapeute, un éducateur… Jean-Michel Blanquer a dit qu’il fallait attendre 2022 pour l’école inclusive, ce qui veut bien dire que l’on n’en est pas encore capable. »

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