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Des mesures sans plan

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Après le dégonflage du soufflé Borloo, le « plan de mobilisation nationale pour les quartiers », présenté au conseil des ministres le 18 juillet, était attendu d’un œil circonspect par les acteurs de terrain. Si certaines mesures sont accueillies positivement, beaucoup considèrent que les moyens déployés ne viendront pas à bout du problème posé par ces territoires que la République ne saurait voir.

Après les annonces conjointes de Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires, et Julien Denormandie, secrétaire d’Etat auprès du ministre, mercredi 18 juillet, en faveur des territoires les plus défavorisés(1), les réactions ne se sont pas fait attendre. L’association Le Rocher Oasis des Cités a salué les propositions dévoilées à l’issue du conseil des ministres, et se dit prête à prendre « sa part à la mobilisation générale ». « Le gouvernement ouvre des perspectives d’espérance en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes des quartiers populaires de France avec des objectifs ambitieux », a affirmé son directeur général Arnaud de Carmantrand.

L’Association des maires ville & banlieue de France (AMVBF) reconnaît la place centrale accordée aux élus locaux, « principaux “mâles blancs”, naguère éjectés hors du champ de vision ». Les collectivités territoriales ont en effet été mises à contribution dans ce « plan de mobilisation nationale pour les quartiers ». Un partenariat entériné par le pacte de Dijon, signé par 86 grandes villes et intercommunalités, ainsi que par le Premier ministre, le 16 juillet, qui acte une série d’engagements dans les secteurs de l’habitat, de la formation, de l’emploi… Un « gage de l’association des habitants à leur devenir », selon l’AMVBF. « La confirmation des 10 milliards d’euros dédiés à la rénovation urbaine, […] l’idée de cités éducatives, le souci de lutte contre les discriminations à l’embauche, la volonté de soutien aux travailleurs sociaux et aux associations, constituent autant d’avancées attendues sur les territoires. » L’association est en revanche plus mitigée à l’égard des mesures préconisées en faveur de l’insertion professionnelle. Elle considère vital le fait que le programme d’action soit accompagné par « un déploiement prioritaire d’emplois aidés en complément des emplois francs, avec garantie de dispositifs de formation, et pouvant être conclus avec des institutions publiques et des structures privées du secteur non marchand, notamment associatives. »

Un plan très éloigné des besoins réels

D’autres associations sont encore plus critiques à l’égard du dispositif annoncé. « Ce n’est pas un plan “banlieues”, mais un discours de politique générale », assène Farid Temsamani, porte-parole de l’association Banlieue Plus. « Les acteurs associatifs sont plutôt déçus, on a l’impression que le gouvernement actuel a une vision méprisante de la banlieue. Les fléaux qui touchent les cités sont tels que les annonces sont limitées par rapport aux enjeux. » Le fonds de 15 millions d’euros destiné à conforter l’action des associations de terrain ? « Une fois réparti, on reste très éloigné des besoins réels, surtout quand on sait que la France dispose de l’un des plus grands parcs associatifs au monde… » Le renouvellement urbain, notamment grâce au programme « action cœur de ville » ? « L’immense majorité des banlieues n’ont pas la volonté politique ou les compétences financières et humaines pour faire ce travail. Aujourd’hui encore il y a des blocs invivables dans un certain nombre de quartiers, et sans une volonté réglementaire de casser ces taudis, on n’avancera pas. Quand on s’aperçoit qu’au Mirail, à Toulouse, il y a encore des barres d’immeubles immenses, c’est inadmissible. L’idée sous-jacente est de concentrer la pauvreté et l’électorat afférent qui sera ainsi plus facile à acheter. L’élan doit donc venir du gouvernement, en donnant un taux maximal d’habitats concentrés sur un même bâti. Pourtant, à l’heure actuelle, c’est le silence radio. »

Peu d’entreprises impliquées dans les quartiers

Enfin, Farid Temsamani fait remarquer que même si plusieurs entreprises ont été conviées à l’Elysée pour la signature d’un pacte avec les quartiers pour toutes les entreprises (Paqte) – destiné à accroître l’insertion professionnelle des habitants des quartiers prioritaires –, seules trois sont pour l’instant signataires, dont « deux qui recrutent déjà en masse dans ces territoire car elles n’arrivent pas à trouver du personnel ailleurs. Beaucoup d’entreprises restent du côté du testing, car elles connaissent pertinemment leurs politiques en matière de ressources humaines. La vraie difficulté, sauf à considérer que les jeunes de banlieue ne peuvent occuper qu’un certain type d’emploi, est le plafond de verre. Ainsi, des gens brillants quittent la France ou font de l’entrepreneuriat : la majorité des créations d’entreprises se font dans les banlieues. On peut faire passer ça pour du dynamisme, ou enfin considérer la barrière à l’entrée dans le monde de l’insertion professionnelle. »

Notes

(1) Voir ASH n° 3070 du 20-07-18, p. 15.

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