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L’enjeu de la libre circulation

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A l’occasion des discussions sur la prochaine loi bioéthique, le Sénat a réuni des patrons de start-up en santé le 18 juillet. Ils y ont exposé les obstacles réglementaires au développement d’un parcours de santé plus complet grâce aux nouvelles technologies.

Le système de soins français est l’un des meilleurs – si ce n’est le meilleur – au monde. Mais les nouvelles technologies, avec en tête l’intelligence artificielle (IA), peuvent transformer ce système et améliorer grandement la prise en charge des patients. Déjà, le législateur s’y intéresse. Le Sénat a organisé une table ronde sur le sujet « IA et Santé », en prévision de la discussion de la prochaine loi bioéthique.

Des bases de données trop centralisées

« On a un excellent système de soins, mais pas de santé, qui pourrait personnaliser le suivi du patient en fonction de son parcours », explique le docteur Adnan El Bakri, président-directeur général d’InnovHealth. Cette société se sert de données pour pouvoir faire de la médecine prédictive, qui consiste à anticiper les problèmes de santé des patients. Il raconte : « Je l’ai créée il y a trois ans. J’ai été tout de suite confronté à l’absence de partage des données existantes. Pour avoir une cohorte de 200 patients, cela m’a pris une année entière pour aller chercher les données et les mettre en forme. C’est inefficace et dommageable. » Même si les bases de données existent en France, elles sont encore trop centralisées. Un modèle « qui n’a jamais fonctionné », selon Adnan El Bakri, car il « manque de connexions ». En effet, d’une part, les données cliniques du patient sont éparpillées dans chaque établissement de santé et, d’autre part, les données médico-administratives, collectées par la sécurité sociale et les mutuelles de santé, sont dans d’autres silos.

A SeqOn, une autre start-up, on mise sur la génétique. Son fondateur, Nicolas Philippe, raconte : « On a créé des séquenceurs haut débit qui permettent de séquencer un génome pour moins de 1 000 €, alors qu’avant ça prenait dix ans et coûtait des milliards de dollars. La production de données génétiques va être dans la vie de tous les jours. On peut imaginer que dans quelques années on fasse une analyse génétique aussi facilement qu’on fait une analyse sanguine. Aujourd’hui, on est capable de détecter une anomalie pour une centaine d’euros. » L’outil peut alors guider le professionnel de santé dans sa décision, en lui indiquant quel traitement est spécifiquement adapté à sa pathologie. « A l’heure actuelle, huit fois sur dix, les médicaments sont donnés à mauvais escient et coûtent inutilement », rappelle Nicolas Philippe.

La garantie humaine

Et si l’intelligence artificielle appliquée à la santé est crainte, David Gruson, professeur à la chaire « santé » de Science Po Paris, donne des clés : « Le premier enjeu est l’information et le consentement du patient. Le médecin doit intégrer le recours à l’IA dans son devoir d’information. De plus, il faudrait des modes de consentement plus structurés pour les personnes les plus vulnérables, même si, pour la majorité, il n’est nul besoin de changer le droit. L’autre chose importante, c’est la garantie humaine de l’IA. Il faut s’assurer que l’intelligence artificielle reste sécurisée par un regard humain, sans aller trop loin, ce qui risquerait de la figer. »

L’enjeu est immense : le partage des données de santé pourrait permettre une économie de 3 milliards d’euros par an pour la sécurité sociale, dont le modèle de parcours de soins est trop complexe aujourd’hui. A charge pour le législateur de lever les barrières à l’exploitation des données.

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