En France, fin 2014, il y avait 11 250 établissements et services médico-sociaux pour personnes handicapées (ESMS), selon un rapport publié le jeudi 12 juillet par la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES). Ces structures disposent de 489 200 places (157 500 pour les enfants et 331 800 pour les adultes). Or, toujours selon l’enquête de la DREES, en 2014, 493 000 personnes en situation de handicap étaient accueillies, soit une hausse de 5,7 % par rapport à 2010. « Il y a donc surpopulation », constate Jean-Sébastien Eideliman, maître de conférences en sociologie, développement social à l’université de Lille, et coauteur de l’étude.
« L’une des évolutions les plus notables entre l’enquête de 2010 et celle de 2014 est l’augmentation du nombre de personnes accueillies en ESMS. Dans le détail, parmi les personnes accueillies, 334 800 étaient adultes (contre 311 200 en 2010) et 158 200 étaient enfants (contre 151 700 en 2010) », analyse-t-il encore. Les adultes étaient pour la plupart accueillis en foyer ou dans un établissement et service d’aide par le travail (ESAT), les enfants dans les instituts médico-éducatifs (IME) ou dans des services d’éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad).
« D’autre part, durant cette même période, comme durant la période 2006-2010, on observe un phénomène de vieillissement de la population accueillie, et ce dans toutes les catégories d’établissements et services pour adultes », indique Jean-Sébastien Eideliman. Ainsi, selon l’étude, « l’âge moyen varie de 37 ans dans les établissements d’accueil temporaire à 46 ans dans les foyers d’accueil médicalisé ». De même, la part des personnes de 50 ans ou plus était également en forte hausse par rapport à 2010 (+ 5 points).
« Il y a aussi des évolutions plus précises, notamment concernant la question de la scolarisation des enfants. Entre 2010 et 2014, nous constatons une augmentation sensible du nombre d’enfants accueillis en milieu ordinaire », poursuit Jean-Sébastien Eideliman. Concrètement, « concernant les enfants, les taux de non-scolarisation ont peu évolué pour ceux accueillis dans des établissements ou services médico-sociaux entre 2010 et 2014 », relève la DREES. Ce taux reste « très élevé » pour les enfants fréquentant un établissement dédié au polyhandicap (76 %), « assez élevé » pour les enfants accueillis en IME ou en institut d’éducation motrice (environ 15 %), et inférieur à 5 % dans les autres situations.
Enfin, selon Jean-Sébastien Eideliman, « l’enquête montre que de plus en plus de personnes sont accueillies dans des dispositifs intermédiaires, c’est-à-dire qui, d’un côté, relèvent d’établissements ou de services médico-sociaux, mais qui, de l’autre, fréquentent aussi des établissements ordinaires. Par exemple, pour les enfants, cela peut consister à être scolarisés en semaine en milieu ordinaire et les soirs et week-end être accueillis en institut thérapeutique, éducatif et pédagogique (ITEP) ou en IME. Pour les adultes, cela consiste à avoir une activité professionnelle qui soit en partie en milieu ordinaire. » Ce qui lui fait dire que « même si c’est lent, l’enquête démontre que la société devient de plus en plus inclusive entre 2010 et 2014 ».