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Les chômeurs restent en plans

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Malgré des plans successifs toujours plus ambitieux, la France peine à offrir un modèle de formation pour les demandeurs d’emploi qui favorise leur insertion professionnelle, selon un rapport de la Cour des comptes publié le 4 juillet.

« Objectifs purement quantitatifs assis sur des besoins mal définis », « calendrier irréaliste », « cofinancements incertains »… Dans un rapport publié le 4 juillet, la Cour des comptes décortique la politique de formation qui a été menée à l’égard des demandeurs d’emploi après la crise de 2008, et le constat est sans appel.

Si, depuis 2013, des plans ont été mis en place pour réagir à la montée du chômage – passé de 7,4 % de la population active en 2008 à 10 % en 2015 – en se concentrant sur l’augmentation du nombre de stages de formation, aucun n’a réellement permis d’inverser la tendance. Pire, le dernier d’entre eux, le « Plan 500 000 formations supplémentaires » mis en place en 2016 sous le quinquennat Hollande concentre, selon les magistrats auteurs du rapport, « de nombreux exemples de ce qui ne devrait pas être fait ». Après un « Plan 30 000 » en 2013, un « Plan 100 000 » en 2014, puis un « Plan 40 000 pour les PME » en 2015, le « Plan 500 000 », qui a été prolongé en 2017 pour 180 000 places supplémentaires, visait à doubler sur un an le nombre de demandeurs d’emploi en formation, pour le porter à un million.

Plus de complexité

« Cet objectif a été atteint, mais au prix d’une gestion budgétaire improvisée et d’un suivi imparfait des crédits et de leur utilisation, dénonce la Cour. Son calendrier très resserré a conduit à une mise en œuvre précipitée, dans des conditions peu rigoureuses. » Le financement de la formation, partagé entre l’Etat, les régions, Pôle emploi et les partenaires sociaux, mouvant d’une année sur l’autre, s’est vu encore complexifié par ce dernier plan, « alors qu’il souffrait déjà d’une coordination insuffisante des financeurs et d’un cloisonnement entre la formation des salariés et celle des demandeurs d’emploi », peut-on lire dans le rapport. Passé de 10,8 % en 2015 à 15,4 % en 2016(1), le taux d’accès à la formation des demandeurs d’emploi, ainsi augmenté, n’a pourtant pas mené à une meilleure insertion. Hormis celles de type « préparations opérationnelles à l’emploi »(2) organisées à la suite d’une promesse d’embauche, les formations se traduisent en moyenne par un retour à l’emploi pour moins d’un stagiaire sur deux et par un accès à un emploi durable – c’est-à-dire d’une durée d’au moins six mois – pour moins d’un stagiaire sur quatre. Les résultats sont encore moins satisfaisants pour les personnes peu qualifiées, dont le taux d’accès à un emploi durable ne s’est élevé qu’à 21 %.

Plusieurs leçons sont donc à tirer, selon la Cour, dans la perspective du futur Plan d’investissement dans les compétences (PIC), doté de 11 milliards d’euros sur cinq ans et qui ambitionne, lui aussi, de former un million de chômeurs et un million de jeunes peu qualifiés. Les formations de remise à niveau et de savoirs de base, qui ne représentent que 8 % des stages suivis par les personnes en recherche d’emploi, contre 39 % pour les formations certifiantes, gagneraient à se généraliser davantage, dans un contexte où 51,8 % des inscrits à Pôle emploi n’ont pas le niveau baccalauréat. L’effort de formation doit « être programmé à moyen terme, et viser des objectifs, non d’entrée en formation, mais d’insertion durable dans l’emploi », estime la Cour. Pour les magistrats financiers, une véritable stratégie de prévention du chômage dans le cadre même de la formation des salariés doit être mise en place. « C’est non seulement en formant les demandeurs d’emploi, souligne-t-elle, mais en développant auprès des actifs en emploi les aptitudes de maîtrise des compétences de base, de polyvalence et d’adaptabilité que la formation tout au long de la vie pourra remplir pleinement sa mission de sécurisation des parcours et de lutte contre le chômage. »

Notes

(1) Selon le baromètre publié par la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES) du ministère du Travail.

(2) Pour ces dispositifs, le taux d’accès à l’emploi s’est élevé à 62,3 % en 2015 pour les emplois d’une durée supérieure à six mois, contre 22,9 % seulement pour les autres dispositifs.

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