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Les sept besoins fondamentaux de l’enfant

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Partir des besoins de l’enfant. C’est le cœur de l’approche de la loi du 14 mars 2016 qui a réformé la protection de l’enfance. C’est aussi, tout naturellement, le thème qu’a choisi d’explorer la 11e édition des Assises nationales de la protection de l’enfance qui se sont tenues les 28 et 29 juin à Nantes. Organisé par le Journal des acteurs sociaux (JAS) et l’Observatoire national de l’action sociale (ODAS), l’événement a permis à plus de 2 000 participants de saisir les modalités d’application de la loi. Car cette réforme appelle à un véritable changement de paradigme. Elle nécessite de mieux évaluer la situation de l’enfant pour mieux l’accompagner. Elle invite à modifier les regards sur son environnement et sur la parentalité. Et pour y parvenir, à favoriser une meilleure coopération entre institutions.

Les transformations de la famille

A l’origine de cette évolution, les mutations anthropologiques, qui amènent à reconsidérer les formes de la famille. « On a déplacé son cœur, du mariage vers la filiation, avec une grande diversité de configuration », explique Irène Théry, sociologue et spécialiste du droit de la famille. Les familles peuvent être fondées sur la procréation, la procréation médicalement assistée (PMA) ou l’adoption. Des années 1990 à aujourd’hui, les familles monoparentales, plus pauvres que la moyenne, ont doublé. « Face au changement, certaines familles réinventent plus facilement les règles du jeu, parce qu’elles ont un cadre de vie plus facile, qu’elles ne tombent pas dans une difficulté matérielle quotidienne. » De ces transformations en découlent des repères éducatifs bousculés. Et les pratiques professionnelles sont sommées de s’adapter.

S’adapter en considérant les besoins de l’enfant. Et partir des besoins, c’est d’abord les distinguer. Directrice de l’Ecole de la protection de l’enfance, Marie-Paule Martin-Blachais a été missionnée par l’ancienne ministre des Familles, Laurence Rossignol, pour piloter une démarche de consensus sur les besoins fondamentaux de l’enfant en protection de l’enfance. Dans un rapport, remis en février 2017, elle retient sept besoins fondamentaux auxquels l’adolescent doit pouvoir répondre pour se construire. Les trois premiers sont regroupés sous le terme de « méta-besoin » de sécurité. « Sans ceux-là, les autres ne pourront être satisfaits », explique Marie-Paule Martin-Blachais. Ces méta-besoins sont d’abord le besoin physiologique (un environnement qui permette de répondre à des besoins alimentaires, de sommeil et de sûreté) ; ensuite, le besoin d’être protégé contre toutes formes de violence, quel qu’en soit l’auteur ; et enfin, le besoin de construire une relation affective avec l’adulte, pour acquérir un sentiment de sécurité interne et permettre à l’enfant de s’ouvrir au monde. Ces méta-besoins sont complétés par quatre autres besoins. Celui d’expérimenter et d’explorer le monde, « essentiel pour développer ses apprentissages, se différencier de son environnement et accéder au processus de mentalisation », précise Marie-Paule Martin-Blachais. Un besoin, aussi, de cadre et de limite qui permet d’intégrer les lois et codes sociaux, et réguler ses émotions. Un besoin d’identité pour s’inscrire dans une filiation et pouvoir s’affilier à d’autres groupes d’appartenance et de pairs. Et enfin, un besoin d’estime et de valorisation de soi pour s’autoriser à se dire qu’on a des compétences et qu’on peut entrer en relation avec autrui. Pour évaluer en pratique la situation des enfants, le rapport propose un cahier des charges inspiré d’un référentiel anglo-saxon. « On s’appuie sur une approche triangulée, basée sur le développement de l’enfant, sur les capacités et compétences des parents et sur les ressources environnementales », décrit Marie-Paule Martin-Blachais.

Repenser l’entourage

Partir des besoins de l’enfant implique de mieux travailler avec l’entourage de l’enfant. En premier lieu, les parents. « On a construit la méthodologie de la protection de l’enfance à partir de situations de maltraitance. Mais c’est une inversion de la réalité. La maltraitance représente 20 % des cas alors que les situations de négligence constituent 80 % des cas », avance Serge Escots. Pour le directeur de l’institut d’anthropologie clinique, lieu de recherche sur les thérapies familiales, le référentiel des professionnels s’appuie trop souvent sur la « toxicité » des parents, ce qui empêche la parentalité. « Je trouve plus juste de parler d’“empêchement” de la parentalité, qui permet d’envisager une rencontre plus dynamique et positive. » Le chercheur suggère de revoir l’interaction des professionnels. « Il faut consacrer autant de temps à l’impact de l’intervention qu’au contenu même de la protection de l’enfance. » D’un point de vue technique, la relation aux parents nécessite de travailler trois étapes nécessaires. D’abord, le fait de mettre en évidence la contrainte de l’aide. Ensuite, l’importance de travailler la motivation au changement. Et enfin, plutôt que de mettre en avant les carences, de travailler sur le fait de pouvoir être parent. « Ce n’est pas pareil de dire “votre enfant est en danger” que “est-il possible de développer votre capacité à être parent ?” », précise le chercheur.

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