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L’arme de la coopération

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Certes, l’urgence implique par définition d’agir vite, en situation de stress. Mais elle n’est pas incompatible avec la nécessité d’être efficace et de réduire les souffrances de l’enfant. A condition de savoir coopérer entre institutions. Exemples avec des expériences innovantes à Nantes, Saint-Brieuc et Calais.

Cas pratique : à 4 heures du matin, la section des mineurs du parquet de Paris reçoit un appel de l’hôpital. Une interne de garde, affolée face à l’hématome au front que révèle le petit Jonathan, demande de prendre une ordonnance de placement provisoire (OPP). Ce que fait le parquet, avant de lever l’OPP le lendemain à la faveur d’un appel de l’hôpital rapportant des explications cohérentes des parents. Sauf qu’entre temps, les enquêteurs, qui s’étaient déplacés pour interroger le père, s’inquiètent de son comportement. Le parquet interroge différents partenaires. Et c’est la radiologue qui livre un détail troublant. « L’enfant a souhaité que je l’accompagne pour la radio. Je tiens la main de cet enfant, et quand le père arrive dans la salle, il serre très fort ma main », décrit-elle. L’enquête révèle des excoriations aux oreilles, que personne n’avait vues. Des fractures sont mises au jour. Dans la soirée, les parents sont placés en garde à vue, l’enfant est entendu et fait part de maltraitances. « Ce cas nous a appris à travailler ensemble, explique Laetitia Dhervilly, chef de la section des mineurs au parquet de Paris, qui révèle cette affaire. Parce qu’on avait confiance les uns envers les autres, on a pu obtenir un maximum d’informations et prendre des décisions responsables. »

Evaluer rapidement l’urgence de la situation

Avoir l’information la plus précise pour prendre la décision la plus éclairée possible. C’est tout l’objectif du dispositif mis en place en Loire-Atlantique. Au centre départemental « Enfance familles », l’équipe mobile d’urgence (EMU) est constituée de professionnels pluridisciplinaires disponibles 24 heures sur 24. Son rôle : évaluer les situations d’urgence et tenter d’apaiser les crises. « Le cas classique, c’est l’enfant qui se confie auprès de l’école, détaille Philippe Vega, chef de service au centre départemental “Enfance familles”. Nous, on va intervenir, non pas lorsque les situations de maltraitance sont évidentes, mais sur des situations non connues, lorsqu’on a un doute. On se met alors, dans l’heure, en lien avec l’école et les différents professionnels et on rencontre les parents et l’enfant le plus rapidement possible pour mener une investigation sur le plan social et étayer une future demande d’OPP. Cela permet de synthétiser des informations sur l’enfant. Et dans nombre de situations, il ne s’agit pas de parents maltraitants, mais en grande difficulté et en demande d’aide. »

Installer une relation de confiance avec les parents

Au village d’enfants SOS de Calais, le service d’accueil familial immédiat (SAFI) a été conçu pour éviter la séparation fraternelle, si elle n’est pas nécessaire. « On observe le lien avec l’objectif de donner des arguments aux magistrats pour fonder le maintien de la fratrie », explique Hervé Laud, responsable du département « plaidoyer ». Dans ce sas d’évaluation de la situation, les professionnels mènent une collaboration intensive pendant un temps court de deux à trois mois. Un temps où les parents aussi participent à l’analyse des besoins de leur enfant : « On s’apprivoise mutuellement et on installe une relation de confiance pour qu’ils se sentent associés. Soigner les enfants, c’est aussi soigner les parents », poursuit Vincent Douillez, chef de service.

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