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La psychiatrie va-t-elle enfin entrer dans le XXIe siècle ?

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La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a présenté, jeudi 28 juin, sa feuille de route pour « changer le regard sur la santé mentale et les personnes atteintes de troubles psychiques ». 37 mesures déclinées en trois grands axes d’intervention, qui sont loin de faire l’unanimité.

Alors que, en 2015, en France, la psychiatrie représentait 2,4 millions de personnes prises en charge en établissements de santé et 20,5 millions d’actes ambulatoires, ces derniers mois de nombreux dysfonctionnements sont pointés du doigt. Pour tenter d’inverser la tendance, la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, a présenté sa feuille de route pour la santé mentale et la psychiatrie, jeudi 28 juin. Celle-ci a pour objectifs « l’amélioration des conditions de vie, de l’inclusion sociale et de la citoyenneté des personnes vivant avec un trouble psychique, l’amélioration de l’accès aux soins et aux accompagnements ».

Concrètement, il s’agit d’un plan de 37 mesures, déclinées autour de trois axes d’intervention afin de « porter une vision positive de la santé mentale et pour promouvoir une psychiatrie qui ne soit plus le parent pauvre de la médecine ». Les trois axes sont les suivants :

→ promouvoir le bien-être mental, prévenir et repérer précocement la souffrance et les troubles psychiques et prévenir le suicide ;

→ garantir des parcours de soins coordonnés et soutenus par une offre en psychiatrie accessible, diversifiée et de qualité ;

→ améliorer les conditions de vie et d’inclusion sociale et la citoyenneté des personnes en situation de handicap psychique.

Des intentions mais avec quels moyens ?

« Les trois axes de la feuille de route sont des axes forts, et, globalement, l’Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques [Unafam] s’y retrouve », avance Marie-Jeanne Richard, présidente de l’union. Et d’ajouter : « De même, la manière dont les 37 mesures sont présentées laisse à penser que l’on s’inscrit dans un véritable parcours de santé avec un signe fort de décloisonnement, d’amélioration des accompagnements et des conditions de vie. C’est donc très positif. »

« En revanche, il y a un problème : toutes ces mesures ne sont pas chiffrées, nuance-t-elle. On ne voit pas quelles sont réellement les forces incitatives. La question est de savoir comment va-t-on mobiliser des enveloppes budgétaires pour pouvoir mettre en place une réelle transformation de la psychiatrie. Or cette feuille de route n’y répond pas vraiment. On se demande sur quoi, au niveau politique, allons-nous insister pour qu’il y ait un réel changement, pour que la psychiatrie entre enfin dans le XXIe siècle, pour que les accompagnements soient à la hauteur de l’enjeu. Et, là, on reste un peu sur notre faim. »

L’absence de budget, de chiffres, est aussi pointée du doigt par Philippe Burgaud-Grimard, infirmier psychiatre et animateur de la commission nationale de la psychiatrie à la CGT. « Cette feuille de route est très minimaliste. Ce ne sont que des déclarations d’intention, déplore-t-il. Jamais l’hôpital public et la psychiatrie ne sont cités comme des solutions. Les propositions ne sont pas du tout adaptées à ce que l’on peut vivre sur le terrain. On enfonce des portes ouvertes sans mettre en place aucun budget ni aucun moyen. »

Alors que ces derniers mois de nombreux mouvements de contestation ont éclaté un peu partout sur le territoire (au Rouvray, à Lyon, au Havre, à Caen, à Montpellier…), il estime que « cette feuille de route ne va pas calmer les esprits car aucune solution n’est apportée. Que faut-il faire pour être entendu par ce gouvernement ? On a affaire à un gouvernement autiste ! » Et de mettre en garde : « C’est évident que d’autres établissements vont se mettre en grève. »

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