L’étude de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) révèle que 44 % des établissements rencontrent des difficultés de recrutement, avec des variations importantes selon le statut juridique des établissements. Les structures privées sont 49 % à être confrontées à ces difficultés, comme 38 % pour les structures publiques. Toutefois, ces difficultés ont tendance à diminuer depuis 2011 où elles se situaient à 52 %.
A l’inverse, on note une tendance à l’allongement de la vacance des postes. 63 % des établissements, (publics et privés confondus) affirment avoir un poste non pourvu depuis au moins six mois.
Les postes les plus exposés à la vacance sont ceux de médecins coordonnateurs et d’aide-soignants. 10 % des EHPAD ont un poste de médecin coordonnateurs non occupé depuis six mois et 9 % un poste d’aide-soignant ouvert depuis un semestre.
Le recrutement des infirmiers pose moins de difficultés. 4 % seulement des établissements peinent à trouver des infirmiers.
Le statut juridique des établissements joue un rôle clivant dans ces difficultés de recrutement. Ainsi, si 13 % des EHPAD du secteur public non hospitalier ont du mal à trouver un médecin coordonnateur, seules 8 % des structures privées font face à cet obstacle. Inversement, 16 % de ces établissements souffrent d’une pénurie d’aides-soignants contre 6 % dans le secteur public.
Les tensions observées sur le recrutement en EHPAD ont pour conséquence une plus faible ancienneté du personnel. L’enquête montre des différences marquées sur l’ancienneté des professionnels selon que les établissements sont en sous-effectif ou non. Dans les établissements dont tous les postes d’aides-soignants sont pourvus, ces professionnels travaillent dans la structure depuis dix ans en moyenne. En revanche, dans les EHPAD comptant des postes d’aides-soignants non pourvus depuis au moins six mois, le personnel est en poste depuis sept ans en moyenne. On peut supposer que les facteurs à l’origine des difficultés de recrutement sont les mêmes que ceux qui causent un turn-over élevé, ou que des conditions de travail plus difficiles en sous-effectif conduisent plus souvent le personnel à quitter l’établissement.
Les médecins coordonnateurs, les infirmiers et les aides-soignants restent en moyenne plus longtemps en EHPAD public, en particulier public hospitalier, que dans le privé. Ainsi, les aides-soignants qui sont en poste dans un EHPAD privé lucratif au 31 décembre 2015 travaillent en moyenne depuis cinq ans et demi dans la structure, contre onze ans et quatre mois d’ancienneté en EHPAD public hospitalier.
L’autre grand critère discriminant est celui de la localisation géographique. Plus un établissement se trouve en zone isolée, plus il a du mal à recruter. Ainsi, 49 % des établissements situés en milieu rural rencontrent des difficultés de recrutement mais il y a des différences selon les types de métiers. Pour les métiers de faible qualification, le recrutement est plus difficile dans les zones urbaines, sans doute en raison des coûts de l’immobilier qui éloignent ces salariés modestes des centres villes.
Cette étude montre que le défi du recrutement dans les EHPAD est un casse-tête chinois ou une équation à multiples inconnues, comme l’attractivité des métiers, l’implantation, la formation, la rémunération…