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L’Europe en ordre dispersé

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L’Europe en ordre dispersé

Crédit photo Alexandra Marquet
Le dernier rapport de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) sur la protection sociale en France et en Europe vient de paraître. L’occasion de mesurer les variations observées au sein de l’Union européenne à l’heure où l’objectif de la Commission est de réduire de 20 millions le nombre de personnes fragilisées par la pauvreté ou l’exclusion sociale, à l’horizon 2020.

Le montant des dépenses de protection sociale enregistré en France en 2016 s’élève à 759,1 milliards d’euros, soit une hausse de 1,8 % sur un an. Quant aux prestations de protection sociale, qui en représentent 94,1 %, elles s’élèvent à 714,5 milliards d’euros. Cette évolution s’inscrit toutefois dans une tendance au ralentissement observée depuis six ans en raison notamment des mesures de maîtrise budgétaire et de l’inflation, particulièrement basse depuis 2013. En France, le rythme d’augmentation des prestations du risque « santé » continue de ralentir (+ 2,3 % en moyenne depuis dix ans pour le risque « maladie »), tout comme les prestations familiales (deuxième année consécutive de stagnation) et de logement, phénomènes dus notamment aux réformes engagées. Dans ce contexte de baisse, les mesures relatives à l’insertion professionnelle et au risque de pauvreté-exclusion augmentent (+ 2,3 % en 2016) en raison du plan « 500 000 formations supplémentaires » pour les demandeurs d’emploi mais aussi de la revalorisation exceptionnelle du revenu de solidarité active ou encore de la refonte de la prime d’activité. Si, en 2016, la reprise économique se confirme avec un PIB européen qui retrouve son niveau d’avant crise et une activité économique qui continue de croître (+ 2 %), une inégalité est observée entre les 28 membres, avec neuf pays, dont la Grèce ou l’Italie, qui ont toujours un volume de PIB inférieur à celui de 2008 et qui ne profitent donc pas de la dynamique économique. La crise ayant entraîné une détérioration des situations budgétaires et un accroissement des déficits publics, les marges de manœuvre des gouvernements sont faibles.

Amélioration de la situation budgétaire

En 2017, les instances européennes ont adopté un socle européen des droits sociaux avec la volonté de réduire de 20 millions le nombre de personnes confrontées au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale. Entre 2008-2016, dans un contexte de crise, l’Europe des 27 a d’ailleurs compté une hausse de 0,8 million de personnes fragilisées sachant que cette progression concerne notamment l’Italie, l’Espagne et la Grèce. À l’intérieur de l’Europe, les prestations de protection sociale ont atteint, en 2016, 27,5 % du PIB avec toutefois de profondes variations : 28,3 % du PIB pour l’Europe des 15 contre 18,0 % pour treize autres pays membres. Ce taux atteint ainsi 32 % en France et 31,1 % au Danemark. Parmi les postes de dépenses, les risques « vieillesse-survie » arrivent en tête (12 % du PIB, soit 46 % des prestations d’aide sociale). La France se situe dans la moyenne européenne. Quant aux risques de santé-maladie-soin (8 % du PIB, soit 30 %), cette part varie selon les pays avec un taux de 20 % en Grèce ou au Danemark, contre 35 % pour l’Allemagne. La part du risque en France atteint les 29 %. Le vieillissement démographique contribue de fait à la croissance des dépenses du risque « vieillesse-survie ». En Espagne, une hausse de 3,2 points est observée concernant l’effort relatif aux personnes âgées de 60 ans ou plus en raison d’importantes revalorisations des pensions. À l’inverse, en Allemagne, cet effort baisse de 1 point malgré la hausse de la population âgée grâce à un relèvement progressif de l’âge de départ à la retraite et au choix d’une indexation des pensions. Du côté des dépenses de santé, l’évolution des prestations reste faible entre 2009-2015 pour l’Europe des 15 (1,0 % par an en euros constants). Cette hausse est toutefois plus rapide en 2014 (+ 1,6 %) et continue d’accélérer en 2015, dans un contexte de reprise économique.

Les aides sociales bientot reformees ?

Après avoir annoncé les revalorisations ciblées pour l’Allocation adulte handicapé (AAH) et le minimum vieillesse, le Gouvernement cherche à trouver des pistes d’économie. Fin mai, Bruno Le Maire a déclenché la polémique sur une potentielle baisse des aides sociales dans une volonté de réduire la dépense publique. L’incendie allumé par Bercy a ensuite été éteint tour à tour par le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérard Darmanin, et par Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé. En juin, l’Elysée publiait une vidéo sur Twitter où apparaît le président Macron qui dénonce le « pognon de dingue » versé dans les aides sociales jugées « inefficaces » pour réduire le nombre de personnes pauvres. Des prises de position qui pourraient se traduire par une réforme ? Pour quels arbitrages ? Affaire à suivre.

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