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Le recyclage des idées

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Cela fait déjà un certain moment que l’idée germe dans le médico-social, et particulièrement dans le secteur des services et soins aux personnes âgées : la nationalisation du financement et la mutualisation des aides. Ces deux propositions – que l’on peut désormais appeler « revendications » – ont à nouveau été discutées pendant le congrès du Synerpa. C’est que la démographie des personnes âgées, en particulier de ceux ayant atteint le quatrième âge, va exploser dans le prochain siècle. Alors que les 85 ans et plus vont représenter 6,7 % de la population totale française en 2050, ils représenteront 10,1 % en 2100. « On a du mal à imaginer un monde avec autant de personnes de plus de 85 ans », avoue Emmanuel Todd, démographe et historien.

Pas d’audace politique

Et pourtant, le problème n’est pas nouveau : « Il n’y a pas de scoop, on le sait depuis 1945, indique Stéphane Le Bouler, conseiller scientifique au HCAAM/HCFEA1. La démographie est une science précise, l’histoire était écrite. Le début de cette phase un peu compliquée, ça va être 2030. » Stéphane Le Bouler se remémore le rapport rendu en 2007 à Philippe Bas, qui était alors ministre de la Santé. « En 2008, on a failli boucler un texte sur la dépendance avec Xavier Bertrand » (le successeur de Philippe Bas à la Santé, NDLR). Mais voilà, les préoccupations politiques changent et le texte est mis de côté.

Du coup, on redit un peu ce qu’on disait déjà auparavant : chaque dispositif nouveau est empilé aux anciens, et personne n’a eu l’audace politique de tout remettre à plat. Et les idées ne manquent pas. Stéphane Le Bouler voudrait « revenir à la logique d’une allocation à la personne plutôt qu’une allocation à l’établissement » et, surtout, une « allocation unique » qui fusionnerait toutes les aides différentes (allocation aux personnes âgées, aide personnalisée au logement, aides fiscales…) en une seule. Pour financer tout ça ? Une base nationale, contrôlée par un opérateur de neutralité : la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Selon sa présidente, Marie-Anne Montchamp, il y a eu une « fragilité dans notre approche. On a su les quantifier mais pas les qualifier. On s’est réveillés avec les morts de chaud en 2003, puis à nouveau avec la grève des personnels, qui sont une forme de seringue sociale ». La principale solution ? « Arrêter le cloisonnement entre le domicile et l’hôpital. » Mathieu Klein, président du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, est d’accord là-dessus : « Il y a des ruptures dans le parcours et la prise en charge qui sont la principale problématique. Le cloisonnement des financements, lui aussi, n’est plus adapté : quoi qu’il arrive, quand on regarde la situation, les inégalités territoriales sont énormes. » Pour résoudre ces deux problèmes, l’élu a deux propositions : « L’Ehpad peut être un lieu de pilotage. Il faut arriver à une logique d’accompagnement global des établissements au lieu d’une logique de tutelle, et soutenir les projets communs. L’accompagnement doit reposer sur le territoire. Cette ressource doit être mobilisée. En revanche, le financement ne peut pas l’être, car aujourd’hui, il est relatif à la richesse des ressources du territoire. »

Faut-il attendre une réforme pour cela ? Pas nécessairement pour tout. C’est en tout cas ce que pense Michel Laforcade, directeur général de l’agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine : « On peut faire l’Ehpad de demain à réglementation constante, en créant des pôles gérontologiques. » L’assistance espère tout de même que le texte sur la dépendance, prévu pour 2019, sera à la hauteur des enjeux.

Notes

(1) Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie/Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge.

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