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La souffrance psychique ignorée

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Lorsqu’ils arrivent sur nos côtes, les migrants ne souffrent pas seulement dans leurs corps mais ils présentent aussi des troubles psychiques, conséquences de leur situation. Un rapport révèle cette réalité ignorée et l’absence de réponse adaptée de notre système.

« Une des préoccupations des gestionnaires des centres d’hébergement » concerne justement la santé psychique et l’absence d’une réponse adaptée pour les exilés, selon un rapport de 2018 réalisé par Médecins du monde et le Centre Primo Levi. À l’heure où la prise en charge des urgences médicales et des soins infectieux est effective, la santé psychique est le parent pauvre de l’accompagnement des demandeurs d’asile, sachant que 62 % des personnes accueillies au Comité pour la santé des exilés ont déclaré des antécédents de violence entre 2012 et 2016. Face à cette réalité, la situation des enfants ou des adolescents isolés et non accompagnés apparaît comme un facteur aggravant, compte tenu des traumatismes vécus dans le pays d’origine, du parcours migratoire et de l’insécurité ressentie à leur arrivée en France. Le rapport pointe du doigt les conditions de vie jugées « indignes », évoquant des « violences policières dans certains lieux », des « difficultés liées à la procédure administrative » et une détresse observée en cas de rejet de la demande d’asile. Une synthèse réalisée par trois chercheuses suisses révèle d’ailleurs une corrélation entre « le syndrome de stress post-traumatique et la dépression aggravés, réactivés, voire provoqués, par les conditions d’accueil difficiles réservées aux migrants ».

Des conséquences directes

Cette souffrance psychique a des conséquences sur la santé provoquant des troubles de la mémoire et de l’attention ne favorisant par le récit du parcours nécessaire lors des demandes d’asile, ni l’apprentissage d’une nouvelle langue. Le rapport dénonce « une prise en charge défaillante en France ; un accès difficile à la couverture maladie ». Sur le territoire, des bonnes pratiques se sont pourtant développées autour du travail partenarial orchestré en Bretagne par le Réseau Louis-Guilloux ou encore de l’agence régionale de santé d’Alsace qui soutient les interventions des interprètes. En France, des outils existent. C’est le cas des équipes mobiles psychiatrie précarité (EMPP) qui ont été mises en place via la circulaire du 23 novembre 2005. « Insuffisantes », selon le rapport qui en recense 118. Du côté des solutions, les experts associatifs militent pour l’instauration d’un bilan somatique et psychique, un meilleur maillage du territoire des EMPP, ou encore un renforcement du financement (des interprètes, notamment). Face à des personnes ne maîtrisant pas la langue française et souffrant de troubles psychiques, particulièrement complexes, un travail pluridisciplinaire en réseau, la formation des professionnels et une meilleure information des exilés et des aidants s’imposent pour accompagner les 100 000 demandeurs d’asile recensés en 2017 et qui souffrent pour 60 % de syndrome psycho-traumatique et qui dans 86 % des cas n’ont pas de couverture maladie lors de la première visite en centre. « La psychiatrie est une discipline d’avenir mais l’organisation des soins en santé mentale et leur place dans la société ne sont pas à la hauteur de ce constat », révélait Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé, en janvier dernier, face aux professionnels de la psychiatrie. Voilà pour l’autre réalité du système français.

Expérimentation lancée

Un dispositif inédit va être testé en France pendant trois ans dans le Morbihan, les Bouches-du-Rhône, dans la Haute-Garonne et les Landes, avec la volonté d’améliorer la prise en charge des patients souffrant de troubles psychiques en vue de baisser les prescriptions médicamenteuses. Ce programme sera destiné aux patients de 18 à 60 ans présentant des troubles d’intensité légère à modérée et qui se verront proposer des séances par des psychologues libéraux agréés et entièrement financés par la sécurité sociale. Une généralisation pourrait être ensuite décidée si les résultats sont probants.

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