Alors que des entreprises, semble-t-il, ont une grande crainte de recruter des nouveaux collaborateurs, les structures du médico-social, elles, ont du mal à recruter. Cette crise est, depuis longtemps déjà, anticipée par la Fédération française des services à la personne et de proximité (Fedesap). Son président, Amir Reza-Tofighi, précise : « Ce n’est pas seulement une question de taux horaire. Il faut du temps, un travail moins pénible. Plein de structures ont du mal à répondre aux demandes des bénéficiaires. » Du coup, les cadences sont infernales et, en plus d’avoir du mal à recruter, les services peinent à fidéliser leurs salariés.
« Il faut réfléchir sur les plans de carrière et imaginer des passerelles entre domicile et établissement », ajoute Damien Cacaret, président du Synerpa Domicile. Au final, même les difficultés de recrutement sont liées avec les problèmes d’éparpillement des dispositifs, des aides, et des financements. Un salarié est cantonné à une tâche très limitée. Peut-être que ces passerelles dans la prise en charge permettront une meilleure attractivité du métier. De plus, les personnes âgées du futur proche n’auront sans doute pas les mêmes exigences en matière de services. Leur évolution, et la prise en compte de demandes particulières, devra conduire à des formations plus complètes.
La qualité de vie au travail pour une aide-soignante ou une infirmière, qu’elle soit en Ehpad ou à domicile, est un autre vrai sujet. Mais même pour cela, la question des moyens, de la compétitivité et même de la réforme structurelle revient sur la table : « Pour avoir une qualité de vie au travail, il faut être nombreux en établissement, souligne Jean-Claude Brdenk, directeur général délégué du groupe Orpea-Clinea. À l’issue de la convergence tarifaire, on aura 0,33 équivalent temps plein par résident à prendre en charge. Compte tenu des disparités sur le temps de travail, ça ne représente que 0,29 ETP contre 0,40 en Europe. On embauche du personnel pas forcément soignant, et c’est un problème parce que ces formations ne sont pas reconnues. Mais on réutilise les solutions imposées depuis les années 1970 avec les diplômes. Peut-être que quelqu’un aura l’audace de renverser la table. »