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« L’emploi à domicile doit se masculiniser »

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Rencontre avec la présidente de la Fédération des particuliers employeurs de France (Fepem), qui organise, mardi 26 juin, au Grand Rex de Paris, son congrès sur le thème de l’innovation « Emploi & Domicile » à l’occasion du 70e anniversaire de la création du secteur des particuliers employeurs. Marie-Béatrice Levaux rappelle l’histoire de ce mouvement et les défis qui l’attendent, notamment ceux de l’apparition des nouveaux emplois et de l’élargissement du recrutement pour faire face aux besoins.
Ce congrès sur l’innovation « Emploi & Domicile » est-il une opération de communication destinée à changer L’image d’un secteur qui peine à recruter en raison de la faible attractivité des emplois ?

Marie-Béatrice Levaux : Il y a plusieurs questions dans cette question. Il faut se situer dans le contexte de l’évolution de la société qui accompagne l’évolution de nos métiers. Après la guerre, dans les années 1950, c’est la grande période des droits sociaux avec, en particulier, la création de la sécurité sociale. Mais l’emploi à domicile est exclu de ces conquêtes et du grand pacte social de cette époque. Il faudra attendre 1973 pour avoir une certaine reconnaissance et les années 1990 pour que les intervenants à domicile aient un droit à la formation.

Ce n’est pas un secteur comme les autres. Il évolue en permanence en fonction des besoins de la société. C’est un secteur qui connaît un nombre important d’employeurs : 3 millions. En gros, un tiers de ces employeurs sont des parents, un tiers sont des personnes âgées de plus de 70 ans, et un tiers sont les autres tranches d’âge qui demandent des heures de ménage. D’une certaine façon, on peut dire qu’on est employeur toute sa vie.

C’est aussi un secteur qui fonctionne aussi beaucoup sur le principe du « petit boulot » non déclaré…

M.-B. L. : La proportion d’heures de travail non déclarées diminue. Selon l’Insee, elle serait passée de 50 % à 30 %. C’est la conséquence des aides fiscales qui, aujourd’hui, font que 1 heure de travail à domicile déclarée revient au final moins cher que 1 heure non déclarée. C’est un élément important de l’évolution et de la professionnalisation du secteur. On a mis 20 ans à structurer la formation professionnelle dans ce domaine et il faut continuer pour revaloriser le secteur.

Malgré toutes ces évolutions, l’emploi à domicile n’attire pas et est confronté à une pénurie de ressources humaines…

M.-B. L. : On est confronté à un triple défi. D’une part, la logique de nos métiers repose sur une logique de complément d’activité et de multi-activité, les salariés ayant plusieurs employeurs.

Le deuxième défi est celui de la démographie. On a une population dont l’âge moyen est de 48 ans et des départs massifs à la retraite se préparent. C’est particulièrement le cas des assistantes maternelles. Un tiers d’entre elles vont partir à la retraite.

Le troisième défi est celui de la nécessaire émergence de nouveaux métiers, comme celui de coordonnateur à domicile et de collaborateur expert. Quels sont ces nouveaux métiers ?

Une personne âgée en dépendance a besoin d’une succession d’interventions de nature différente et à des moments différents. Il faudra être en capacité d’organiser et de coordonner ces interventions, comme une sorte de gestionnaire du temps.

Le collaborateur expert est celui qui sera capable d’interfacer avec l’intelligence artificielle et la robotique qui vont se développer dans ce domaine. Pour cela, nous devons élargir notre recrutement vers les hommes…

Vous voulez dire qu’à 90 % féminin, l’emploi à domicile va se masculiniser ?

M.-B. L. : L’emploi à domicile est majoritairement féminin pour des raisons culturelles. Au départ, il s’agissait d’activités gratuites et bénévoles qui ont été occupées par des femmes parce que, précisément, elles ne travaillaient pas. Ensuite, parce que ces métiers étaient sous-qualifiés et renvoyaient à une certaine répartition des rôles entre hommes et femmes, ils sont restés dans la sphère féminine. Nous sommes en train de boucler cette période. La professionnalisation de nos métiers et les besoins en augmentation nécessitent un élargissement de notre recrutement et donc une certaine masculinisation.

Repères

Présidente de la Fepem depuis 2002, Marie-Béatrice Levaux est titulaire d’un DESS psycho-sociologie des organisations (Paris-Dauphine) et d’une maîtrise des sciences et techniques, gestion des ressources humaines (Paris XIII). Après un passage à la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF), elle cofonde le cabinet Synthèse Action où elle prend la direction du pôle « recrutement », spécialisé « santé ». De 1995 à 2000, Marie-Béatrice Levaux participe à la création et devient présidente d’Ipéria l’institut, acteur de la professionnalisation des emplois de la famille en France, mandaté par les branches professionnelles des salariés et assistants maternels du particulier employeur.

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